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D.R.
Zoom par Patrick Adler
Révélations
au Théâtre de Passy

L'affiche promettait de la gaudriole, ça sentait à plein nez les bonnes vieilles ficelles, les portes qui claquent, les « Ciel, mon mari !» et autres facéties qui avaient fait les beaux jours de feu « Au théâtre ce soir ». Promesse tenue !
« Révélations » s'inscrit d'emblée dans la tradition des comédies légères où le repas de famille sert d'argument pour dévoiler les secrets ...de famille. Fatalement s'ensuivent chocs, embrouilles et fissures dans le clan... familial. Oui, je me répète mais à dessein. La famille, c'est sacré, enfin, pas que...!

Le point de départ ici est l'annonce faite à Marie de l'entrée au couvent de sa fille. Petite précision : Marie, c'est la mère, rien à voir avec Claudel ! Stupéfaction dans le clan, d'autant que tout le monde s'attendait à une mutation professionnelle de la gamine au Canada. L'incompréhension des uns mêlée aux reproches des autres ne saurait perturber la future moniale qui, à l'instar d'Ophélie Winter s'appuie sur un précepte sacro-saint : « Dieu m'a donné la foi ». Elle avance, comme illuminée, tient des propos un brin délirants. Dans le public, les rates se dilatent. La mère, elle, attaque son foie en buvant plus que de coutume pour supporter le choc. Une fille qui prend le voile, c'est la faute, non pas à Voltaire, mais au père ! Forcément. Et la virago titubante de se ruer, verre à la main, sur son diable de mari qui, par chance, garde son sang-froid. Entre deux bouteilles, des reproches, des larmes et des cris qui hystérisent la salle , on se dit que le pire pourrait être devant nous puisque nous n'en sommes qu'à la première révélation et que le titre de la pièce est un pluriel. Bingo ! C'est au tour du fils de se déclarer - cette fois, en trois étapes - végan, antispéciste et pansexuel. Tout va aller ainsi crescendo - inutile de spoiler la suite, aussi déroutante que truculente - car la mère, comme le père - tant qu'on y est - ont peut-être des révélations à nous faire...

Certes, ce n'est pas du Shakespeare mais ne boudons pas notre plaisir car c'est peut-être ce théâtre-là, ce boulevard-là, distrayant, amusant, efficace en diable qui peut faire aimer le théâtre à ceux qui n'y ont jamais mis les pieds. Surtout quand il est servi par de formidables acteurs. Véronique Genest s'avère être une vraie Reine du Boulevard. Maligne, facétieuse à souhait et surtout très juste, elle insuffle une énergie débordante à la pièce. Elle est d'une époustouflante drôlerie face à un Daniel Russo sobre et aussi impeccable que dans « Borderline » qu'il joue quelques minutes avant dans ce bel écrin qu'est le Théâtre de Passy. Edouard Colin, en baba pas cool mais rebelle devient presque le pendant de sa sœur « habitée » (convaincante Messaline Paillet). Tous les quatre jouent de connivence. Et ça marche ! Résultat : tout le monde s'amuse. Les acteurs comme le public. Il faut dire que la mise en scène, signée Arnaud Lemort, est enlevée, rythmée à souhait.

Donc ...Si vous n'avez pas envie de vous prendre la tête, si vous avez juste envie de vous aérer l'esprit, de rire à gorge déployée, allez au Passy. Au passage... Joli quartier. Les snobs vous diront « trop bien fréquenté », comme son théâtre. Qui s'en plaindrait ?
Paru le 04/12/2023

(103 notes)
RÉVÉLATIONS
Théâtre de Passy
Jusqu'au dimanche 2 juin

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