Une excellente adaptation de Marivaux, par une troupe jeune et dynamique. À recommander.

Le nouveau monde inversé selon Marivaux mêle le comique au politique avec bonheur. Cette fantaisie bouffonne investie par ces cinq jeunes comédiens nous offre un jeu délicieux. Quel plaisir!

Une très belle scénographie et des comédiens qui s'investissent pour ce Marivaux qui démarre tout juste et deviendra grand.

Le début d'une insurrection fomente dans la Salle Noire sous les reflets de ces vagues en tissus se déroulant le long des grèves ocres d'une île imaginaire : en 1725, les germes de la subversion prolifèrent dans "L'île des esclaves". Révolutionnaire et réactionnaire à la fois, Marivaux n'ira pas jusqu'au bout d'un renversement radical, lui préférant l'utopie humaniste. Voltaire disait de lui qu'il passait sa vie à peser des riens dans des balances de toile d'araignée. Arlequin lui répondrait en philosophe à la scène 8 : "Un rien qu'on voit vaut mieux que quelque chose qu'on ne voit pas." :)
Quant au trop plein que l'on vit sur la scène du Lucernaire : prenez garde à cette troupe explosive, c'est un vrai champ de mines ! L'un après l'autre ou tous à la fois, ils sont tout feu tout flamme, extravagance et misère, drôles et généreux, il y a du sémillant dans leurs yeux : bouffons ou tragiques, ils disent tout rondement ce qu'il faut pour outrager ou pour réjouir les vanités. Folâtre et babillarde, malicieuse et insolente, un brin caustique, la langue de Marivaux exulte dans l'emportement le plus vif. À coup sûr, cela créera quelques rides au-dessus de l'eau stagnante de vos soirées. ;)

Sur le thème éternel de l'inégalité, cette pièce de Marivaux questionne notre comportement face à une soudaine inversion des rôles sociaux. Le vivre-ensemble passe forcément par une meilleure connaissance de l'autre. Les 5 comédiens s'investissent à fond et apportent une vision contemporaine de la pièce. A quand la suite de l'histoire ?