Portrait par Jeanne Hoffstetter
Jean Bellorini
Histoire d’un Cid au théâtre des Amandiers de Nanterre
Il y a bien des façons de rendre hommage à une langue, un auteur, un acteur, à tous ceux qui ont fait du théâtre au fil des siècles matière à rêver, à questionner, à créer. Jean Bellorini et sa troupe ont choisi la leur en offrant au public leur variation autour d'un Cid.
Du théâtre, dont l'opéra n'est pas exclu, Jean Bellorini a exploré tous les domaines, avant d'être nommé en 2020 à la direction du TNP de Villeurbanne qu'hélas il quittera en 2027, ayant pris la décision de ne pas renouveler son mandat. Il était donc impensable qu'il ne fasse pas écho à Jean Vilar et Gérard Philipe. « On ne peut pas monter de manière innocente "Le Cid" quand on est à cet endroit-là. Effectivement, c'est un clin d'œil qui me permet aussi de faire entendre une langue que j'adore et de rendre hommage au théâtre. Sans monter exactement la pièce telle qu'elle existe, en nous concentrant sur quelques personnages, nous en révélons une partie, celle qui semble faire le plus écho à un imaginaire du 21ème siècle."
C'est comme si nous nous souvenions tous ensemble d'un patrimoine que l'on se partage
Mais que ce soit clair, le mot adaptation qui suppose une réécriture est ici banni. Le texte d'origine, dans les parties qui nous sont données, est respecté, mais se greffe autour une autre histoire, écrite et imaginée par le metteur en scène et sa troupe. « Il s'agissait pour moi de rendre compte de la vision d'adolescents qui se souviennent du Cid et se le re racontent à travers leur prisme, leur conscience, en « se battant » pour opposer leur point de vue. Il y a dans ce texte des fulgurances magnifiques, poétiques ou même métaphysiques comme la tirade de Don Rodrigue : "Cette obscure clarté qui tombe des étoiles", que je voulais faire entendre au-delà de toute explication scolaire, comme un peintre impressionniste pourrait la peindre. Sans compter les nombreux vers que nous connaissons tous par cœur ! C'est comme si nous nous souvenions tous ensemble d'un patrimoine que l'on se partage. » Sans dévoiler une mise en scène où la liberté, la créativité s'imposent naturellement, n'est-ce pas la fraîcheur de l'enfance, le jeu dans le jeu, l'enthousiasme, mais aussi la tragédie de l'amour le plus pur porté par l'infante mise ici en lumière, n'est-ce pas la générosité et l'amour de la vie qu'expriment à travers l'histoire de ce Cid la troupe de Jean Bellorini, auteur et metteur en scène du spectacle ? « C'est vrai qu'on réhabilite le personnage presque secondaire de l'infante mais qui est pour moi très central à travers ce qu'il a de plus actuel dans cette dualité intérieure : elle renonce à Rodrigue mais continuera à l'aimer toute sa vie. Pour apporter des échos plus contemporains, je fais entendre un poème de Lamartine prononcé par Chimène et une lettre magnifique de Duras dite par l'infante. Voilà, tout en étant fidèle, une forme de liberté, une dimension ludique de l'humanité, ce qui n'empêche pas d'être lucide et de voir le monde tel qu'il est. » Jean Bellorini met ici en scène des acteurs qui savourent la langue de Corneille tout en jouant à être des enfants.
Voilà la jolie preuve que le théâtre est aussi là « pour réunir et faire un trait d'union entre passé et présent. »
C'est comme si nous nous souvenions tous ensemble d'un patrimoine que l'on se partage
Mais que ce soit clair, le mot adaptation qui suppose une réécriture est ici banni. Le texte d'origine, dans les parties qui nous sont données, est respecté, mais se greffe autour une autre histoire, écrite et imaginée par le metteur en scène et sa troupe. « Il s'agissait pour moi de rendre compte de la vision d'adolescents qui se souviennent du Cid et se le re racontent à travers leur prisme, leur conscience, en « se battant » pour opposer leur point de vue. Il y a dans ce texte des fulgurances magnifiques, poétiques ou même métaphysiques comme la tirade de Don Rodrigue : "Cette obscure clarté qui tombe des étoiles", que je voulais faire entendre au-delà de toute explication scolaire, comme un peintre impressionniste pourrait la peindre. Sans compter les nombreux vers que nous connaissons tous par cœur ! C'est comme si nous nous souvenions tous ensemble d'un patrimoine que l'on se partage. » Sans dévoiler une mise en scène où la liberté, la créativité s'imposent naturellement, n'est-ce pas la fraîcheur de l'enfance, le jeu dans le jeu, l'enthousiasme, mais aussi la tragédie de l'amour le plus pur porté par l'infante mise ici en lumière, n'est-ce pas la générosité et l'amour de la vie qu'expriment à travers l'histoire de ce Cid la troupe de Jean Bellorini, auteur et metteur en scène du spectacle ? « C'est vrai qu'on réhabilite le personnage presque secondaire de l'infante mais qui est pour moi très central à travers ce qu'il a de plus actuel dans cette dualité intérieure : elle renonce à Rodrigue mais continuera à l'aimer toute sa vie. Pour apporter des échos plus contemporains, je fais entendre un poème de Lamartine prononcé par Chimène et une lettre magnifique de Duras dite par l'infante. Voilà, tout en étant fidèle, une forme de liberté, une dimension ludique de l'humanité, ce qui n'empêche pas d'être lucide et de voir le monde tel qu'il est. » Jean Bellorini met ici en scène des acteurs qui savourent la langue de Corneille tout en jouant à être des enfants.
Voilà la jolie preuve que le théâtre est aussi là « pour réunir et faire un trait d'union entre passé et présent. »
Paru le 04/06/2025






![]() ![]() ![]() ![]() ![]() (1 notes) THÉÂTRE NANTERRE-AMANDIERS Jusqu'au dimanche 15 juin
THÉÂTRE CONTEMPORAIN. Elles sont si célèbres qu'ils pourraient en faire une pièce... Un paradoxe dont s'est malicieusement emparé Jean Bellorini pour cette variation de la tragi-comédie de Corneille. Naviguant entre passé et présent, entre imagination et fidélité, en brisant l'alexandrin ou en s'y conformant, son histo...
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