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© Fabienne Rappeneau
Zoom par Patrick Adler
Les Collectionnistes
Au Petit-Montparnasse

Le néologisme vous questionne ? Vous avez bien une petite idée...Collection, collectionneur. Cela devrait vous mener droit aux tableaux. Quid du suffixe à présent ? Iste...Vous y êtes presque. Allez, un effort... Les Impressionnistes ! « Bon sang, mais c'est bien sûr ! » eût dit le Commissaire Bourrel des « Cinq dernières minutes.
C'est donc l'histoire, très romancée, de Paul Durand-Ruel, marchand d'art visionnaire qui collectionna sans compter les œuvres de ceux qui faisaient alors « impression et qu'on nommera donc " Les Impressionnistes"», ceux qui, à l'instar de Monet reconnaîtront : « Sans lui, nous serions tous morts de faim ! ». 
Au bord de la faillite, il put surtout compter sur les talents (multiples) de Jeanne, son épouse, aussi avisée qu'aguicheuse, aussi chatte que tigresse, muée de son propre chef en modèle de ces artistes. Pour la bonne cause, comme on dit. Quand la muse s'amuse...

Décors somptueux du metteur en scène Christophe Lidon, costumes d'époque (bravo, Daniel Wuillermoz), éclairages soignés (bravo, Moïse Hill), vous entrez au théâtre pour un moment d'enchantement au milieu de toiles de maîtres qui s'entassent, toutes invendues ou presque. C'est une séquence de l'histoire de l'art que vous allez vivre de manière assez singulière car le rythme virevoltant des répliques, les tenues frou-frouteuses de Jeanne, l'ironie mordante mâtinée de lubricité du critique Armand Lagrange, donnent à l'ensemble un aspect vaudevillesque. C'est pétillant, énergique, brillant et même... pédagogique. Menés de main de maître par Christophe Lidon, le quatuor joue avec brio sa partition. Christelle Reboul mène la danse. Coquine, mutine, féline, elle griffe à l'envi ; sa voix haut perchée de diablesse fait autorité, elle impressionne autant par son timbre que par sa plastique de femme-enfant. Christophe de Mareuil est aussi beau et séduisant que convaincant, il a la gravité et la fougue du passionné d'art, est même émouvant dans sa quête du beau comme dans son effroyable dilemme entre art et amour. Sa passion n'est pas pour autant déraisonnable : quand sa femme ne voit que la chose, lui saisit l'effet de la chose. C'est le propre du visionnaire. Le truculent Frédéric Imberty campe, lui, un Lagrange aussi débonnaire que caustique, vite émoustillé par la chair et ses représentations sur toile, pour peu qu'il en reconnaisse le modèle. Sa jovialité apporte une touche supplémentaire de fantaisie. Quant au foutraque Monet, incarné par Victor Bourigault, il est aux yeux du public, dans son aspect dépenaillé, hagard et imprévisible, l'artiste maudit-type. 
La pièce n'a pas mis longtemps pour trouver son public. Que vous soyez détenteur du pass-culture ou non, que vous soyez adepte de « l'art pour l'art » ou de la comédie, vous allez trouver tous les ingrédients dans cette recette du talentueux François Barluet qui figure déjà dans le Top du « Marmiton » des Grands Chefs.
Avignon ouvre déjà ses portes aux « Collectionnistes » qui, à n'en point douter, sont déjà appelés à prolonger dès la rentrée à Paris.
Bravo, mille bravos !
Paru le 05/06/2025

(118 notes)
COLLECTIONNISTES (LES)
LE PETIT MONTPARNASSE
Du mercredi 15 janvier au samedi 14 juin 2025

COMÉDIE DRAMATIQUE. 1870, Paul Durand-Ruel, marchand de tableaux réfugié à Londres, rencontre Claude Monet. De retour à Paris, ce dernier lui présente Renoir, Degas, Pissarro… de jeunes peintres dont il perçoit aussitôt le génie et la modernité. Enthousiasmé par le talent de ces artistes qu’on ne qualifie pas encore ...

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