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© Axelle de Russé
Zoom par Philippe Escalier
La Tendresse
Les Bouffes Parisiens

Créé à la Comédie de Reims en 2021, ce spectacle a séduit le public des grandes scènes françaises. Les Parisiens peuvent actuellement découvrir cette œuvre théâtrale chorale qui donne à voir, avec finesse et singularité, huit jeunes hommes explorant, chacun à sa manière, ce que signifie la masculinité dans le monde d'aujourd'hui.
Depuis 2001 et la fondation de sa compagnie "Les Cambrioleurs", Julie Berès a écrit une vingtaine de pièces sur des thématiques sociétales ou politiques. Pour les réaliser et les interpréter, la metteuse en scène a toujours souhaité agréger les talents. Comme pour « Désobéir » qui donnait la parole aux jeunes femmes, « La Tendresse » a été écrite de façon collégiale. « Mon choix se porte sur un sujet passionnant et indispensable. Je réunis ensuite un collège d'auteurs qui existe depuis plus de dix ans, Alice Zeniter et Kevin Keiss auxquels est venue s'ajouter la plume de Lisa Guez. Certains textes fondateurs existent en amont. Nous prenons ensuite du temps avec les interprètes pour transformer, raffiner ces textes et réussir à faire oublier le travail des auteurs pour donner la sensation que les interprètes sont en train de nous faire des confidences » nous dit-elle. Loin d'être un théâtre documentaire, ce travail documenté est interprété par des artistes de formation différente, comédiens, danseurs, chanteurs, musiciens, acrobates. Sur le plateau de « Tendresse », huit jeunes gens dont deux issus de l'Opéra de Paris, un danseur de pop, un grand danseur de Break et des comédiens qui savent bouger et qui donnent au spectateur le sentiment que tous viennent de l'univers de la danse.

La chorégraphie, avec la musique, occupe une place de choix. « Nous réfléchissons aux moments dramaturgiques où l'on sent que le corps peut s'exprimer. Se pose alors la question de la place de la danse, ce qu'elle raconte et quelle est sa portée dramaturgique. L'écriture chorégraphique ne vient qu'après. Dans « La Tendresse », la question du rapport au corps est essentielle avec aujourd'hui des jeunes hommes très attentifs à leur musculature, toujours soumis à l'injonction d'être fort et protecteur. Nous nous sommes dits qu'il fallait des chorégraphies qui tournent autour de la guerre, mais aussi autour du Battle, de l'épuisement. Sur le plan musical, un rap a été construit en direct et par ailleurs, pendant et pour le spectacle, Colombine Jacquemont a fait un superbe travail de composition qui évite l'écueil d'un théâtre didactique et permet un rapport très poussé à la performance ».

« La Tendresse » s'intéresse à cette difficulté que les hommes, sur lesquels pèsent des injonctions contradictoires, ont à se construire, en particulier après #metoo. « Il s'agit pour eux de comprendre l'homme qu'ils ne veulent pas être, de savoir à quelles injonctions ils acceptent d'obéir, à quels endroits ils décident d'être en rupture, comment ils se cherchent de nouveaux modèles » explique Julie Berès.

Construit autour d'une réflexion fondamentale, « La Tendresse » reste avant tout un magnifique spectacle ayant su construire un espace de dialogue ouvert à la fois sur la vulnérabilité masculine et la capacité de la réinventer au-delà des normes, illustrant le « On ne nait pas homme, on le devient » qu'affectionne Julie Berès.
Paru le 30/05/2025

(8 notes)
TENDRESSE (LA)
THÉÂTRE DES BOUFFES-PARISIENS
Jusqu'au dimanche 13 juillet

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