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© Patrick Adler
Article de Patrick Adler
Le mythe de Sisyphe
Théâtre Essaïon

Théâtraliser "le mythe de Sisyphe" n'était pas aisé. Pierre Martot a fait ce pari. Un pari réussi, puisqu'après le Lavoir Parisien en 2023, une longue tournée en province et avant Avignon 2025, il a choisi de poser ses valises à l'Essaion. Et le public est là ! Exit pour une heure l'iconique capitaine de police de "Plus belle la vie". Dans un registre qui peut apparaître âpre et ardu au départ, le comédien réussit à incarner Camus, à retranscrire avec les mots de l'auteur le questionnement du sens de la vie. La voix est chaude et grave, l'interprétation magistrale. C'est un moment de théâtre puissant.
Pas d'habillage musical. Un petit bureau, une chaise, quelques ampoules pour tout décor. Pierre Martot démarre son récit dans le noir. Pour que les mots fassent sens. Pour que les mots résonnent. Pour que la prise de conscience soit effective. Le texte est beau, la réflexion intense : faut-il agir ou se suicider ? Comment appréhender notre fin ? Quid de l'absurde dans ce défi de vivre ? Rappelons que l'essai est né en 1942, c'est dire à quel point il est encore d'actualité et il n'y a sans doute pas de hasard si la compagnie de Pierre Martot s'appelle "Théâtre de Sisyphe". Il ne fait qu'un avec "l'homme révolté". Lui aussi fait acte de transmission en pointant le chaos du monde et cette dichotomie entre la désespérance et le courage de vivre. Dans cette lutte vers les sommets qu'il retrace avec ferveur et talent dans ce petit écrin qu'est l'Essaïon, au milieu de lumières savamment travaillées, en poussant sa pierre (philosophale ?), il adhère quelque part à ce "Plus belle la vie" qui résonne chez certains. Camus écrit : "Il faut imaginer Sisyphe heureux (sic)". Le public l'est , qui applaudit la performance.
Paru le 13/05/2025

(5 notes)
MYTHE DE SISYPHE (LE)
THÉÂTRE ESSAÏON
Jusqu'au lundi 30 juin

SEUL(E) EN SCÈNE. Les dieux ont condamné Sisyphe à rouler un rocher jusqu’au sommet d’une montagne dont la pierre retombe par son propre poids. Sisyphe, c’est l’homme ; et, le rocher, c’est son destin. Depuis ce mythe venu de l’antiquité grecque, Albert Camus nous invite à une réflexion sur la condition humaine.

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