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© Pascal Gely
Portrait par Jeanne Hoffstetter
Christophe Barbier et ses deux spectacles
au théâtre de Poche

Alors que son « Tour du théâtre en 80 minutes » est, pour cause de succès, prolongé jusqu'au 9 juillet, il arrive avec « Cabaret 68 ».
« La politique est mon métier, le théâtre est ma passion. » écrit-il dans son imposant "Dictionnaire amoureux du théâtre". Ajoutons qu'une telle passion épouse bien sûr une véritable connaissance du sujet. Quoi d'étonnant alors à ce que « le journaliste à l'écharpe rouge » se sente si bien en ce lieu où le théâtre porte large ses habits, où les idées s'échangent avec passion ? Qu'il y anime des débats, qu'il s'y fasse conteur ou comédien, il y est heureux ; l'enthousiasme qui accompagne notre conversation, alors qu'il en est encore à la conception de ce Cabaret, en témoigne.

Le cinquantenaire de Mai 68 ? On l'avait entendu déplorer que le gouvernement n'encourage pas officiellement les hommages prévus. «Car il s'agit d'un moment très important de notre histoire sur lequel la question se pose encore de savoir si le bon ou le mauvais l'emporte dans ce qu'il nous a apporté. Libération des mœurs et créativité culturelle, ou au contraire déstructuration des piliers de la société française ? Après avoir idéalisé cette révolution inaboutie qui sans prendre le pouvoir a changé la société, le point de vue diffère dans les années 80/90, notamment à travers le travail de Luc Ferry et d'Alain Renault, on a alors pensé que cela avait fait plus de dégâts qu'apporté de renouveau. Wolinski disait : Nous nous sommes battus pour ne pas devenir ce que nous sommes devenus. »

Il faut montrer que la voix des jeunes devait subitement être écoutée


Philippe Tesson, à l'époque rédacteur en chef de Combat, et Christophe Barbier, encore en barbotteuse, ont ensemble décidé de fêter l'événement à leur manière. « Ah oui j'aurais aimé vivre ça ! En être un acteur journalistique, observer, chercher les informations en restant toujours au-dessus de la mêlée. Ces foules soixante-huitardes étaient dans une forme de naïveté, d'utopie un peu puérile mais nécessaire pour porter leurs rêves et soulever les foules. Ce qui est intéressant c'est aussi de voir à quel point la fête ne pouvait durer. Elle s'enlaidissait au fil des jours comme ces fins de soirées où l'on boit le verre de trop. Le mouvement n'avait plus la fraicheur qui le légitimait. Sur scène ? Tout se déroulera dans le cabaret d'une rue parisienne sous forme de saynètes qui permettront de passer d'un univers à l'autre selon des fils rouges parallèles : Les arcanes du pouvoir, le quotidien des CRS qui n'avaient jamais vu ça, être confrontés à des gamins qui leur offraient des fleurs et leur jetaient des pavés après, enfin les jeunes manifestants avec un entrelacs de poésie, d'amourettes et d'interprétation d'idéologies gauchistes donnant lieu à des engueulades à n'en plus finir. Il faut montrer que la voix des jeunes, qui se rencontraient à travers des idéologies où se mêlaient la politique et l'amour, le printemps, la bagarre et la fête, devait subitement être écoutée. Avec Philippe nous devrions nous renvoyer la balle pour narrer ce grand mouvement pas sérieux, mais qui a quand même changé la France. Il n'y aura pas d'esprit de sérieux là-dedans, c'était une fête !
Paru le 30/05/2018

(42 notes)
TOUR DU THÉÂTRE EN 80 MINUTES (LE)
THÉÂTRE DU POCHE-MONTPARNASSE
Du lundi 13 novembre 2017 au lundi 29 juin 2020

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