l'interprétation décalée nous font rire malgré l'évidente perversité de cette femme. Un très bon moment !

Roberto Athayde est un auteur brésilien qui a voulu dénoncer dans cette pièce la dictature militaire au Brésil. Il a créé le personnage de Mme Marguerite, institutrice de CM2 qui parle au public et va peu à peu instaurer une sorte de dictature dans la classe.
Si vous n'êtes pas sage, je vous envoie chez le directeur ! Et on n'a jamais revu ceux qui y sont allés...
C'est à la fois très drôle et très glaçant.

"Madame Marguerite" est un texte écrit en 1971 par le brésilien Roberto Athayde, alors que son pays était en pleine dictature militaire, et que des milliers d'opposants politiques étaient emprisonnés. Madame Marguerite est la maîtresse de toutes les matières (physique, mathématiques, biologie, anatomie, sidérurgie...), dans sa classe et dans son monde. Comme toutes les personnes dominantes, Madame Marguerite s'estime au-dessus des autres car elle pense détenir le savoir. Son assise professionnelle lui autorise ses frasques et ses abus de pouvoir sur son petit monde qu'elle mène à la baguette. Émilie Chevillon incarne ce personnage à la perfection, lui donnant une amplitude encore plus grande, et un caractère aussi ubuesque que tragique. L'écriture subtile et l'interprétation décalée nous font rire malgré l'évidente perversité de cette femme. Un très bon moment !

En-saignante bien particulière !
Je peux vous l'assurer, on se retrouve tétanisé lorsqu'on se retrouve dans la classe de Madame Marguerite. Tous ceux qui ont vécu l'angoisse de la rentrée avec la peur dans la gorge et "la boule au ventre" verront les "chairs" souvenirs refaire surface. Et dire que son prénom signifie Perle ! ... et bien, dans l'iconoclaste, la dureté, la violence et la lubricité cette enseignante est une apothéose !

Je me retrouve piégée dans une salle de classe, avec d'autres élèves médusés, face à Mme Marguerite qui nous fait une explosive attaque de théorie dans la coronaire. Pas un ne bronche, j'encaisse aussi le délire, les menaces, les insultes... Au début l'ex enseignante que je suis, s'amuse du pétage de plomb de cette collègue, et puis peu à peu je me sens écrasée par son énorme bureau, derrière lequel elle va asseoir son autorité : elle a le pouvoir, tous les pouvoirs
C'est terrifiant.
Mme Marguerite m'a révoltée, mais m'a touchée à la fois. Quelles souffrances peuvent-elles bien se cacher derrière cet acharnement pédagogique pathétique à transmettre un savoir dans lequel elle finit par se perdre, s'égarer, au bord de la folie. Je m'interroge sur son histoire.
Un texte fort dont Emilie Chevrillon décape avec talent tous les registres.

Allégorie de la folie de la volonté de puissance. Délire sur la vie, la mort, le sexe ... Ici une institutrice illuminée ?enivrée du pouvoir de manipulation de sa classe (nous), tour à tour mielleuse, sévère, choquante et dérangeante, donne une leçon de vie jusqu'à l'absurde.
Un moment d'anthologie : la grammaire !
La comédienne est étonnante passant d'un registre à l'autre avec maestria. Bravo aussi pour les choix musicaux.