(moyenne sur 5 notes)

COMÉDIE d'Alexandre Bonstein et Lee Maddeford, mise en scène d'Agnès Boury, avec Patrick Laviosa, Liza Michael, Christophe Bonzom, Arianne Pirie et Alexandre Bonstein.

Certains berceaux attirent les fées, celui de William a malencontreusement aimanté tout ce que la mythologie moderne peut compter de pire ! Exposé comme un monstre de foire au sein d'une pauvre « Cour des Miracles », William a tout essayé pour lutter contre ses démons intérieurs, il connaît de l'introspection tous les arcanes et les abus. Le sport, la méditation et la psychanalyse l'ayant laissé exsangue mais toujours hanté, il n'a plus d'autre choix que de laisser s'exprimer ses hôtes . Les « Créatures » s'échappent donc, prennent corps et se donnent en spectacle. Drôles et pathétiques alors qu'elles se voudraient effrayantes, vidées de leur substance et de leur charge symbolique, ces vilaines bêtes « lacaniennes » chantent leurs tourments dérisoires. Dieu est une executive woman surbookée à l'humour ravageur et cynique, le Diable n'a plus la flamme, la Sorcière est affamée d'amour, le Fantôme rêve de sensations, le Vampire souffre d'incontrôlables accès de bonne humeur, le Loup-Garou est désespéré de devoir redevenir homme après chaque métamorphose, et la Mort, déjà fort affectée de se voir banalisée par son époque, est affligée d'un gros défaut de prononciation qui ruine définitivement son autorité. Oisives et prêtes à tous les mauvais coups, ces « Créatures » s'affrontent, se jalousent, se liguent tour à tour et cohabitent dans des rêves de gloire et de salut. Extrêmement volubiles et langagières dès qu'elles s'expriment en chansons, comme si la musique enveloppait les mots d'une sorte d'immunité, elles deviennent prosaïques et économes dans les parties dialoguées. Le jeu est alors expressionniste, « premier degré », noir-et-blanc, pour devenir l'instant d'après décalé et flamboyant. La présence permanente sur scène du « monstre-pianiste » (enchaîné à son instrument et reconstitué de toutes pièces à partir d'organes étrangers ) apporte à la partition musicale une grande souplesse d'intervention. Témoin insolent épris de calembours, marqué comme les autres par un drame intime, Frankie n'est pas un « accompagnateur » , mais un personnage à part entière qui s'exprime en musique.