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D.R.
Zoom par Patrick Adler
Le jour où je suis devenue chanteuse black
Au Café de la Gare

Simone de Beauvoir écrivait : « On ne nait pas femme, on le devient ». Caroline Devismes et Thomas Le Douarec, partant de ce postulat l'ont décliné en noir dans un spectacle musical ... haut en couleurs.
Comme un « Fame » plein de « Fakes », on est dans le non-dit et le tout chanté, entre rires , larmes et surprises. Un pur bonheur !
Elle est blonde, blanche de peau, vient du Nord, parle le ch'ti - elle est d'ailleurs irrésistible dans ce numéro - et s'est toujours vécue orpheline jusqu'au jour où, via une missive en provenance de Dallas, elle découvre qu'elle a une parentèle... afro-américaine. Ce qui, au passage, expliquerait la texture de son cheveu : un frisé afro. Et alors, tout s'enchaîne dans sa quête des origines quand elle découvre là-bas son grand-père black, fou de saoul-music. En l'écoutant chanter, il devient en un tournemain son mentor. Telle la chrysalide devenue papillon, Caroline peut s'envoler. Elle est désormais protégée, elle a une famille, nombreuse de surcroît. Tout s'ouvre à elle. Elle va pouvoir réaliser son rêve : chanter, devenir une Reine de la soul.

Elle trouve une deuxième parentèle, artistique cette fois, dans le groove, le tempo, le sens inné du rythme et la puissance vocale qu'elle a, elle se sent potentiellement - comment en douter ? - la fille naturelle de ces chanteuses afro-américaines, de Thelma Houston à Ella Fitzgerald, de Shirley Bassey à Aretha Franklin.

Avec émotion et un bonheur non feint et surtout une énergie débordante, c'est sa vie, son histoire qu'elle déroule devant nous. En toute franchise. C'est à dessein sûrement qu'elle a choisi deux titres-phares de Shirley Bassey (« This is my life » et « I am what I am ».) pour débuter et conclure son show. Avec ses deux talentueux complices, (Alex Anglio à la batterie et Mehdi Bourayou - deux fois Molièrisé- au piano) à la fois musiciens et comédiens, on a là un trio gagnant ultra-performant, irrésistible de drôlerie. Les trois revisitent, 80 minutes durant, les standards afro-américains, le public est en joie qui reprend les refrains, tape dans les mains et participe à la joie communicative qu'ils dégagent.

L'émotion est aussi au rendez-vous car en se posant les questions légitimes sur l'idylle avortée de sa mère, Caroline découvre l'Amérique des années 50 où la ségrégation raciale bat son plein, où les couples mixtes n'existent pas et comprend - mais un peu tard - pourquoi sa mère est restée en France et a toujours caché cette parenthèse amoureuse. La petite fille du Pas-de-Calais devenue meneuse de revue a aujourd'hui bien grandi et doit accepter avec se secret familial éventé les souvenirs enfouis comme les petits mensonges ou les arrangements avec la vérité. Le réveil des sens s'accompagne souvent du réveil des consciences. On ne saurait spolier la fin du show qui va de rebondissements en coups de théâtre ... jusqu'au feu d'artifice attendu. Tout le show est puissant, brillant, rafraîchissant, il se savoure comme les mistrals gagnants de notre enfance qui explosaient en bouche. Par delà le « né quelque part de ses légitimes interrogations, une chose est sûre : Caroline Devismes est née pour la scène.
Paru le 15/11/2023

(13 notes)
JOUR OÙ JE SUIS DEVENUE CHANTEUSE BLACK (LE)
CAFÉ DE LA GARE
Du mardi 10 octobre 2023 au mercredi 3 janvier 2024

SPECTACLE MUSICAL. Comment peut-on devenir une reine de la Soul quand on est blonde aux yeux bleus et native du Nord Pas-de-Calais ? Il y a des titres qui interpellent plus que d'autres. Et vous auriez tort de ne pas succomber à la curiosité d'aller découvrir ce qui se cache derrière… Dans la vraie vie, Caroline Dev...

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