Quand nous entrons dans l'univers de cette famille de miséreux, la descente aux enfers a déjà commencé. La poussière, les odeurs fétides ont envahi leur univers et chacun essaie de s'en sortir à sa façon. Néanmoins, résistent encore les liens familiaux.
Face à cette mise en scène très sombre, où l'on peine à penser qu'il y ait eu des moments de joie pour ces damnés de la terre, on se surprend à voir, dans la folie douce de la fille, la seule issue supportable. Si Marie Herbert, la fille, éclaire ce spectacle avec sa gaieté et ses rêves, tous les personnages, au fur et à mesure que la tragédie se dessine, nous émeuvent et nous restons prostrés devant cette fatalité.

Il y a ces mimiques comme pour s'excuser d'être là, ces sourires polis un peu crispés, plein de honte car on est miséreux ! Non ils ne chantent pas « Ah ça ira ça ira » ! On pourrait penser à l'Assommoir mais non , ce n'est pas du Zola ! J'ai aussi pensé aux sorcières de Salem ! J'ai aussi pensé au SDF qui habite au coin de la rue ! Et oui tout cela émane de ce spectacle poignant, hurlant de sensibilité, touchant dans la gestuelle attentionnée des acteurs, cet abandon de soi pour faire jaillir une vérité brûlante d'humanité, crier son désir de vivre et de s'interroger sur le sens de la vie ! Merci, j'ai vécu un moment intense de bienveillance sans jugement de la misère, de mes manques et de mes ombres et je pense ne pas avoir été le seul vu les applaudissements oh combien mérités ! Un très beau spectacle à vivre !