Un spectacle d'Emma Dante joyeux où l'on voit les morts reprendre leur vie ainsi qu'elle a été, puis après un dernier tour de piste, redevenir des corps inanimés matérialisés par de très belles marionnettes grandeur nature de Cesare Inzerillo reprenant les traits de chaque comédiens.

ce spectacle est tout simplement grandiose
On est transportés dans une farandole de fantômes extraordinaires
On en ressort bouleversés, émus et plus vivants que jamais

Le 2 novembre en Sicile, est le jour des défunts; un vieillard endormi dans le noir se réveille pour préparer la fête selon la tradition, dont le pupo di zucchero, un bonhomme en sucre. Et soudain tous ses morts arrivent... père, mère, sœurs, tante, oncle, amis - vont rejouer pour lui une sorte de parade familiale joyeuse et en même temps macabre. Théâtre,danse, chant, marionnettes, paillettes virevoltent. C'est beau à voir les chants envoûtants (trop peu de chants) mais nous ne sommes pas vraiment entrés dans le cercle, il manque un peu d'émotion sauf à la fin dans le dernier tableau.

Par ailleurs pour la 3eme fois en 2023, j'ai été placée dans les 3 derniers rangs à La Colline en réservant par tatouvu, alors que ce n'est pas une question de salle déjà remplie : des amis avaient réservé au théâtre une semaine après moi et ont été placés en première moitié de salle.

L'immense cage de scène est vide et noire comme la nuit et la solitude de ce vieillard qui se prépare à accueillir ses morts. Car les morts étaient et restent des membres de la famille, qu'il faut savoir recevoir et mettre le plus à l'aise possible. Le temps d'une nuit, un cortège en liesse lui rend visite. Une foule de trépassés se rappelle au souvenir du vivant dans l'ostentation carnavalesque du lieu, bien spécifique, de leur ancienne maison. Quel bonheur de pouvoir plaisanter sur eux et avec eux !
Emma Dante se penche sur le goût de la vie et de la fête qui entoure le sentiment de la mort en Sicile. À quoi peuvent-ils bien ressembler, ces fameux morts ? ceux de longue date ou ceux plus récents ? Dans la maison redevenue vide après leur départ, il reste parfois leurs silhouettes suspendues au mur comme des tableaux cachant le vrai mystère : comment leur vie était-elle devenue entre-temps ? Le théâtre se fait le lieu d'un rituel pour exorciser la mort.