Zoom par Patrick Adler
Cher Evan Hansen
Théâtre de la Madeleine
Quand une jeune comédie musicale qui a conquis Broadway et Londres et reçu 6 Tony Awards décide de débarquer à Paris, effet waouh ! Quel honneur ! Et quand c'est le Maître Olivier Solivérès, Molière 2024 de la mise en scène pour "Le Cercle des poètes disparusw - à l'affiche au Théâtre Antoine pour une deuxième saison - qui décide de l'adapter, double effet waouh !
J'ai entendu çà et là quelques esprits grincheux et autres pseudo exégètes faire le procès dès le premier soir de ce petit bijou. Leurs arguments ? Une pièce pour ados niaise, dégoulinant de bons sentiments, caricaturale... ! Ah oui, et alors ? En attendant, ça parle à tout le monde et voir autant d'ado et d'adu-lescents (comme nous, sans doute) se ruer au théâtre de la Madeleine, c'est déjà une victoire pour Olivier Solivérès qui nous offre, avec ses huit comédiens-chanteurs si bien dirigés, deux heures d'émotions, que le public chaque soir gratifie d'une longue standing-ovation ! Et toc !
Le rideau s'est à peine ouvert qu'une déferlante d'écrans de smartphones apparaît avec des stories sans le son. Le décor est épuré : des cubes lumineux se démultiplient au sol devant et en fond de scène, devenant siège, lit, bureau. Des vidéos et autres lignes lumineuses apparaissent, disparaissent, on en prend plein les yeux et plein les oreilles aussi car la partie va se jouer en live sous la houlette de Léa Ruhl qui dirige ses quatre musiciens. C'est pop, ça swingue, c'est efficace en diable. Le public ira jusqu'à reprendre les refrains. L'adaptation d'Hoshi pour les textes des chansons est juste formidable de simplicité (ce que d'aucuns appellent "niaiseries"). Le message-lead "Toi, tu n'es pas seul !" n'est pas sans rappeler un certain air de Starmania qui disait qu'"au bout du compte, on se rend compte qu'on n'est jamais tout seul au monde". Amis grincheux, ce n'est peut-être pas du Baudelaire, ni du Lamartine mais ça a marqué et marque encore des générations entières.
Et l'histoire dans tout cela ? "Cher Evan Hansen", c'est l'intitulé d'une lettre qu'un ado atteint d'anxiété sociale doit rédiger pour lui-même, sur les conseils de son psy. Et ce, afin de recouvrer la confiance, de fluidifier sa communication avec son entourage. Dans l'histoire, ladite lettre va être volée et retrouvée dans la poche de Connor, un de ses camarades qui vient de se donner la mort. S'ensuit une série de mensonges qu'Evan va devoir gérer avec deux amis : Jared, diabolique et fantasque et Alana muée en influenceuse, le tout devant la famille de Connor qui, tentant de se reconstruire, mise tout sur le malheureux Evan. Dans ce grand moment de solitude - puisqu'il est sur tous les fronts et sans père -, il ne peut compter sur une mère-courage qui se démultiplie dans le travail pour gérer au mieux leur quotidien.
Il est difficile de parler du mal-être adolescent, du harcèlement scolaire, des réseaux sociaux, des mensonges, des secrets de cette période charnière et, de ce point de vue, la trame narrative est exemplaire. Entre rires et émotion, le public voit évoluer les personnages et là, mention spéciale sur la distribution de très haut vol : Antoine Le Provost est bouleversant, aussi bien dans le jeu que dans le chant, il est d'une précision folle dans cet Evan qu'il incarne, oscillant entre logorrhées verbales et mutisme. Sa mue en personnage "populaire" est aussi éblouissante que son amplitude vocale. Antoine Galey, avec son physique à la Jim Morrison, joue la partition intéressante de Connor, un bel ado dépressif et violent. Sa très belle voix - il était l'un des finalistes de "The Voice" - lui a déjà permis d'assurer les premières parties des concerts d'Obispo. À suivre donc. Les seconds rôles ne sont pas en reste, ils explosent littéralement sur scène (Kevin Barnachea n'est jamais en mal de sarcasmes en Jared et Fanny Chelim en Alena est délicieusement déjantée. Tous deux sont facétieux à souhait). Quant à Zoé (Lou Nagy), elle explose les compteurs et les tympans par sa puissance vocale phénoménale. Et les parents dans l'histoire ? On ne saurait les oublier, nos grands pros, nos grandes voix : la divine Sandrine Seubille, déjà encensée dans "la voix d'or" est émouvante et subtile dans ses interprétations parlées et chantées de la mère de Connor et son mari démissionnaire (Michel Lerousseau) et la mère d'Evan (Armonie Coiffard) sont tous aussi convaincants.
"Cher Evan Hansen" est un beau et grand spectacle, qui parle au coeur et qui, par les lumières de Dimitri Vassiliu et le colossal travail sur les vidéos de Sébastien Mizermont, vous donneraient presque l'impression d'être... à Broadway. Bravo, mille bravos, cher Olivier Solivérès, vous nous avez une fois de plus gâtés. Soyez-en remercié, vous et toute la troupe ! À bientôt donc aux Molières. Quelle claque pour les grincheux ! Dites-leur que vous êtes mon coup de coeur ! Et toc !
Le rideau s'est à peine ouvert qu'une déferlante d'écrans de smartphones apparaît avec des stories sans le son. Le décor est épuré : des cubes lumineux se démultiplient au sol devant et en fond de scène, devenant siège, lit, bureau. Des vidéos et autres lignes lumineuses apparaissent, disparaissent, on en prend plein les yeux et plein les oreilles aussi car la partie va se jouer en live sous la houlette de Léa Ruhl qui dirige ses quatre musiciens. C'est pop, ça swingue, c'est efficace en diable. Le public ira jusqu'à reprendre les refrains. L'adaptation d'Hoshi pour les textes des chansons est juste formidable de simplicité (ce que d'aucuns appellent "niaiseries"). Le message-lead "Toi, tu n'es pas seul !" n'est pas sans rappeler un certain air de Starmania qui disait qu'"au bout du compte, on se rend compte qu'on n'est jamais tout seul au monde". Amis grincheux, ce n'est peut-être pas du Baudelaire, ni du Lamartine mais ça a marqué et marque encore des générations entières.
Et l'histoire dans tout cela ? "Cher Evan Hansen", c'est l'intitulé d'une lettre qu'un ado atteint d'anxiété sociale doit rédiger pour lui-même, sur les conseils de son psy. Et ce, afin de recouvrer la confiance, de fluidifier sa communication avec son entourage. Dans l'histoire, ladite lettre va être volée et retrouvée dans la poche de Connor, un de ses camarades qui vient de se donner la mort. S'ensuit une série de mensonges qu'Evan va devoir gérer avec deux amis : Jared, diabolique et fantasque et Alana muée en influenceuse, le tout devant la famille de Connor qui, tentant de se reconstruire, mise tout sur le malheureux Evan. Dans ce grand moment de solitude - puisqu'il est sur tous les fronts et sans père -, il ne peut compter sur une mère-courage qui se démultiplie dans le travail pour gérer au mieux leur quotidien.
Il est difficile de parler du mal-être adolescent, du harcèlement scolaire, des réseaux sociaux, des mensonges, des secrets de cette période charnière et, de ce point de vue, la trame narrative est exemplaire. Entre rires et émotion, le public voit évoluer les personnages et là, mention spéciale sur la distribution de très haut vol : Antoine Le Provost est bouleversant, aussi bien dans le jeu que dans le chant, il est d'une précision folle dans cet Evan qu'il incarne, oscillant entre logorrhées verbales et mutisme. Sa mue en personnage "populaire" est aussi éblouissante que son amplitude vocale. Antoine Galey, avec son physique à la Jim Morrison, joue la partition intéressante de Connor, un bel ado dépressif et violent. Sa très belle voix - il était l'un des finalistes de "The Voice" - lui a déjà permis d'assurer les premières parties des concerts d'Obispo. À suivre donc. Les seconds rôles ne sont pas en reste, ils explosent littéralement sur scène (Kevin Barnachea n'est jamais en mal de sarcasmes en Jared et Fanny Chelim en Alena est délicieusement déjantée. Tous deux sont facétieux à souhait). Quant à Zoé (Lou Nagy), elle explose les compteurs et les tympans par sa puissance vocale phénoménale. Et les parents dans l'histoire ? On ne saurait les oublier, nos grands pros, nos grandes voix : la divine Sandrine Seubille, déjà encensée dans "la voix d'or" est émouvante et subtile dans ses interprétations parlées et chantées de la mère de Connor et son mari démissionnaire (Michel Lerousseau) et la mère d'Evan (Armonie Coiffard) sont tous aussi convaincants.
"Cher Evan Hansen" est un beau et grand spectacle, qui parle au coeur et qui, par les lumières de Dimitri Vassiliu et le colossal travail sur les vidéos de Sébastien Mizermont, vous donneraient presque l'impression d'être... à Broadway. Bravo, mille bravos, cher Olivier Solivérès, vous nous avez une fois de plus gâtés. Soyez-en remercié, vous et toute la troupe ! À bientôt donc aux Molières. Quelle claque pour les grincheux ! Dites-leur que vous êtes mon coup de coeur ! Et toc !
Paru le 15/12/2025
(23 notes) THÉÂTRE DE LA MADELEINE Jusqu'au dimanche 4 janvier 2026
COMÉDIE MUSICALE à partir de 13 ans. Evan est un garçon comme tant d’autres. Un lycéen timide, mal dans sa peau, terriblement attachant mais qui se sent invisible aux yeux du monde. Jusqu’au jour où une lettre égarée, un malentendu et une tragédie vont l’amener à vivre ce qu’il a toujours espéré : Être vu ! Être écouté, tout simpleme...
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