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D.R.
Dossier par Jeanne Hoffstetter
Laurent Sroussi en son théâtre de Belleville

Parler de lui, de son parcours, de son ambition de directeur d'un théâtre privé aux accents de théâtre public, est particulièrement intéressant, amusant aussi...

Le drôle de parcours d'un homme qui voulait depuis toujours devenir comédien


Demandez-lui de vous aider à retracer ce parcours fantaisiste, il vous rétorque en riant « Oh la ! Ça risque d'être long et compliqué ! J'ai eu plusieurs vies. » Suivons-le donc à pas rapides.

Une enfance heureuse passée sous le soleil de Montpellier. Mais chirurgien ou médecin, suivant en cela l'exemple de ses parents, non, lui « fera » HEC pour toutes les ouvertures que cette prestigieuse école de commerce peut offrir. Les portes des marchés financiers le conduiront ainsi durant treize ans en Asie. Ah oui ! Il fait aussi de la musique mais ne s'estime pas assez doué pour se faire une place intéressante dans ce domaine. Il fait du théâtre en amateur et plus tard suivra les cours de Claude Mathieu, un grand monsieur qui lui permettra de faire ses premiers pas sur scène. Déclic ! C'est là qu'il veut être ! Mais ce métier se révèle être si difficile... Et devinez quoi ? Là encore il se compare aux grands dont il sait qu'il n'atteindra jamais l'excellence, alors à quoi bon ? Le théâtre, il l'abordera donc autrement lorsqu'il découvre une annonce : Le Tambour Royal est à vendre. Top là, de son travail dans les milieux financiers, il a gardé quelque pécule qui attendait le moment rêvé pour se montrer utile. Il devient donc en 2011 le très heureux propriétaire du Théâtre de Belleville, ainsi renommé. Alors, « Voir loin et tenir la distance », une devise entendue quelque part qu'il reprend volontiers à son compte.


Laurent Sroussi, directeur en son théâtre


Plateau, salle, fauteuils... D'importants travaux sont réalisés pour faire de ce théâtre un lieu moderne et confortable où le public se sentira bien et où les jeunes compagnies seront soutenues et valorisées, selon la conception du théâtre que se fait Laurent Sroussi. « J'ai voulu faire de ce lieu, soutenu par six personnes à temps plein dont je suis fier, une expérience, un espace de rencontre, de découverte, de questionnement, d'imaginaire, de poésie et de réinvention. Notre ADN est de défendre la création émergente, d'offrir aux jeunes compagnies un espace valorisant et de proposer un théâtre qui interpelle, questionne et nous surprend. »

Pour étonnant que ce soit au regard de la programmation, le théâtre de Belleville appartient au club des théâtres privés. « En effet, c'est un lieu hybride en ce sens que c'est un théâtre privé dont l'essentiel de l'activité opère dans la sphère du théâtre public. »

Quant à la ligne artistique ? « Elle repose sur du théâtre contemporain d'auteurs et autrices vivants, avec parfois une ouverture sur des formes chorégraphiques, musicales... Autant de formes qui interrogent sur la façon de faire du théâtre, nourries par une ambition esthétique. Un théâtre exigeant mais surtout pas prétentieux pour un public curieux, épris de découverte et de remise en question. Mais se rappeler toujours que l'on ne fait que du spectacle ! » n
Jeanne Hoffstetter
Paru le 21/11/2025