Avec son costume brun, ses longs cheveux et sa barbe, son t-shirt noir (cachant une coquine surprise) et un micro sur pied, William Pilet adopte les codes du stand-up « normal » pour mieux les chambarder. Son but ? Fuir la conformité, « la plus grande des couardises » !

Cet humoriste est une curiosité exaltante. Il parle peu de lui, passe sans transition d'une facétie à une autre, et, comme les grands artistes de music-hall, il éblouit par la variété de ses talents : comédie, chant, musique et même magie !

Mine de rien, au fur et à mesure que les bêtises abracadabrantesques fusent plus vite que leurs ombres, habilement mises en valeur par la mise en scène d'Éric Théobald, un vrai propos se dévoile. William Pilet profite des dernières minutes du spectacle pour délicatement nous cueillir comme des fleurs. Le moment est beau : émus, subjugués, on repense à ce qu'on vient de voir. Etait-ce juste le spectacle d'un clown très savant ? Ou la façon détournée qu'a un homme de s'ouvrir et de nous confier quelque chose qui lui est essentiel ?

Pour qu'on puisse le comprendre, William Pilet a l'intelligence d'opérer une délicate et imperceptible acclimatation à son univers « anormal ». Et quand arrive le moment de nous parler, nous sommes prêts. Non, vraiment, si William Pilet nous fait (beaucoup) rire, il ne se moque pas de nous.