Portrait par Jeanne Hoffstetter
Louis Arene
Le Munstrum Théâtre présente « Makbeth »
Si Louis Arene et Lionel Lingelser décident de revisiter le « Macbeth » de Shakespeare, c'est qu'ils jugent opportun aujourd'hui de nous tendre ce miroir. Rencontre avec Louis Arene à la mise en scène.
Portrait rapide : un peu de cinéma, de télévision, mais c'est le théâtre qui nourrit sa vie d'artiste depuis une vingtaine d'années. Ancien pensionnaire de la Comédie Française, Louis Arene fonde, en 2012 avec Lionel Lingelser, le Munstrum théâtre et remporte en 2024 les Molières du meilleur metteur en scène et du meilleur spectacle pour le théâtre public avec « 40 degrés sous zéro » d'après Copi. Boucles blondes ou galette rose sur la tête, il y a dans son regard quelque chose d'altier, de profond, de narquois aussi, comme un rire salvateur prêt à surgir dans la noirceur du monde ; il y a le Théâtre et la vie.
Macbett sans k et avec deux t : en 1972, Ionesco disait avoir écrit à sa manière une pièce sur la folie du pouvoir. En 2009, Louis Arene faisait partie de la distribution, me semble-t-il. Rire de l'intéressé. « A travers ce personnage et ses hallucinations, Shakespeare montrait comment le pouvoir rend fou. Ionesco y a apporté un côté farcesque qui, je pense, nous a aussi inspirés. »
Makbeth avec un k. Traduite et adaptée par Lucas Samain, voici la pièce de Shakespeare quelque peu bousculée. Toute de joie, d'audace et de poésie, elle laisse éclater la colère quand ce n'est pas le désespoir. « Oui, on s'est amusés à changer certaines choses, en simplifiant, en supprimant ou ajoutant des personnages pour faire la part belle à notre univers esthétique dont le travail sonore et visuel, notamment autour du mouvement, sont des vecteurs émotionnels importants, avec ce grand écart entre le côté horrifique de Shakespeare, et la farce essentielle pour nous. Toujours naviguer entre l'effroi et le rire. »
Du théâtre total et des masques : répondre à la violence, à la bêtise, sans oublier la beauté du monde, est le credo artistique de Louis Arene et Lionel Lingelser. « En montrant l'ascension de ce tyran au cœur de glace, on pense évidemment au fascisme qui revient à une vitesse effrayante, à la peur irrationnelle de l'autre qui gangrène nos rapports humains, à l'impossibilité que nous avons de nous mettre à la place d'autrui. Nous faisons un travail sensible et sensoriel qui relève aussi de questions intimes en mettant en lumière, avec nos armes d'artistes, notre colère, nos penchants les plus sombres, dans une pièce politique et métaphysique. Le masque, lui, est un objet complexe, ludique et psychanalytique. On le retrouve dans toutes les cultures, les civilisations, qui sert au théâtre, aux enfants pour jouer, pour communiquer avec les dieux. Mon travail sur le masque consiste à essayer d'en effacer l'expression pour permettre aux spectateurs de faire travailler leur imagination... »
Le Munstrum, théâtre de la cruauté : Artaud entendait par ce terme, rigueur et radicalisme... «Oui ça me parle beaucoup ce côté rituel, retrouver un théâtre engagé qui a pour but de susciter des émotions intenses qui nous bousculent. Refaire du Théâtre un lieu de communion et de remise en question de nos certitudes. C'est un beau projet poétique en soi et les projets poétiques, c'est mon dada ! »
Macbett sans k et avec deux t : en 1972, Ionesco disait avoir écrit à sa manière une pièce sur la folie du pouvoir. En 2009, Louis Arene faisait partie de la distribution, me semble-t-il. Rire de l'intéressé. « A travers ce personnage et ses hallucinations, Shakespeare montrait comment le pouvoir rend fou. Ionesco y a apporté un côté farcesque qui, je pense, nous a aussi inspirés. »
Makbeth avec un k. Traduite et adaptée par Lucas Samain, voici la pièce de Shakespeare quelque peu bousculée. Toute de joie, d'audace et de poésie, elle laisse éclater la colère quand ce n'est pas le désespoir. « Oui, on s'est amusés à changer certaines choses, en simplifiant, en supprimant ou ajoutant des personnages pour faire la part belle à notre univers esthétique dont le travail sonore et visuel, notamment autour du mouvement, sont des vecteurs émotionnels importants, avec ce grand écart entre le côté horrifique de Shakespeare, et la farce essentielle pour nous. Toujours naviguer entre l'effroi et le rire. »
Du théâtre total et des masques : répondre à la violence, à la bêtise, sans oublier la beauté du monde, est le credo artistique de Louis Arene et Lionel Lingelser. « En montrant l'ascension de ce tyran au cœur de glace, on pense évidemment au fascisme qui revient à une vitesse effrayante, à la peur irrationnelle de l'autre qui gangrène nos rapports humains, à l'impossibilité que nous avons de nous mettre à la place d'autrui. Nous faisons un travail sensible et sensoriel qui relève aussi de questions intimes en mettant en lumière, avec nos armes d'artistes, notre colère, nos penchants les plus sombres, dans une pièce politique et métaphysique. Le masque, lui, est un objet complexe, ludique et psychanalytique. On le retrouve dans toutes les cultures, les civilisations, qui sert au théâtre, aux enfants pour jouer, pour communiquer avec les dieux. Mon travail sur le masque consiste à essayer d'en effacer l'expression pour permettre aux spectateurs de faire travailler leur imagination... »
Le Munstrum, théâtre de la cruauté : Artaud entendait par ce terme, rigueur et radicalisme... «Oui ça me parle beaucoup ce côté rituel, retrouver un théâtre engagé qui a pour but de susciter des émotions intenses qui nous bousculent. Refaire du Théâtre un lieu de communion et de remise en question de nos certitudes. C'est un beau projet poétique en soi et les projets poétiques, c'est mon dada ! »
Paru le 21/11/2025
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MAKBETH - Rond Point THÉÂTRE DU ROND-POINT Jusqu'au samedi 13 décembre
TRAGÉDIE. Le Munstrum poursuit son exploration du répertoire classique en continuant de creuser les obsessions qui lui sont chères : les monstres, la métamorphose, les mondes qui s’effondrent et ceux qui naissent… On se souvient de son Mariage forcé avec la Comédie-Française. Avec Makbeth, la compagnie fran...
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