Zoom par Philippe Escalier
Ce qui reste d'un amour
Studio Hébertot
Caroline Devismes et Thomas Le Douarec retrouvent la scène pour défendre un texte contemporain signé Carlotta Clerici qui explore avec finesse et acuité les contradictions du sentiment amoureux.
Trois heures du matin. Alice débarque chez Hugo, cet homme qu'elle a tant aimé et dont elle s'est arrachée. Comédienne, elle sort de scène après avoir incarné une héroïne dévorée par la fièvre amoureuse. Avant de rentrer chez elle, elle veut savoir. Qu'en est-il, maintenant, de cet amour absolu qui les consumait sans pouvoir durer ? Un an s'écoule. C'est au tour d'Hugo de sonner à sa porte, hanté par la même interrogation lancinante.
Carlotta Clerici signe avec cette création un texte qui frappe par son intelligence émotionnelle et sa justesse psychologique. L'autrice-metteuse en scène explore sans complaisance cette zone trouble où l'attachement persiste alors que la relation s'est fracassée. Hugo et Alice s'aiment encore mais leurs conceptions de l'existence les rendent irréconciliables. Lui cultive sa liberté comme un jardin secret, elle aspire à un engagement total. Entre ces deux tempéraments, la vie commune devient un champ de mines. Le dialogue progresse comme une enquête intime, où chacun tente de comprendre pourquoi l'amour le plus ardent ne suffit pas à bâtir un quotidien.
La mise en scène privilégie la sobriété. Deux décors distincts racontent à eux seuls les univers antagonistes des protagonistes : l'appartement masculin, puis la maison féminine, dessinent deux manières d'habiter le monde. La lumière de Patrice Le Cadre et la musique d'Aldo Gilbert ponctuent les moments de tension et d'abandon sans jamais forcer l'émotion.
Caroline Devismes et Thomas Le Douarec forment un duo impressionnant comme jamais. Avec une belle intensité, lui campe un homme prisonnier de ses propres défenses, oscillant entre désir et fuite, machisme involontaire et vulnérabilité. Elle incarne Alice avec une délicatesse déchirante, portant à bout de bras les espoirs et les désillusions d'une femme qui voudrait conjuguer passion et stabilité. Leur jeu, nourri d'une connivence évidente, particulièrement touchant, transforme ce qui aurait pu n'être qu'un huis clos sentimental en une véritable radiographie des impasses du cœur.
Le texte de Carlotta Clerici évite tous les pièges du genre. Elle compose une partition où le rire affleure constamment, mais jamais pour détourner de l'essentiel. L'humour surgit des situations, des répliques acérées, des aveux maladroits. On rit, on s'émeut, on se reconnaît dans ces deux écorchés vifs qui cherchent l'impossible équation : ni avec toi, ni sans toi. Cette formule, qu'on retrouve de Truffaut à Duras, prend ici une résonance contemporaine. La pièce interroge avec finesse notre époque, ses injonctions contradictoires, ses quêtes d'absolu confrontées aux réalités prosaïques.
Au Studio Hébertot, l'intimité de la salle accentue la proximité avec ces deux âmes en quête d'elles-mêmes. On sort bouleversés, remués par cette exploration sans fard de ce qui demeure quand tout semble terminé. Un petit bijou théâtral à découvrir d'urgence !
Carlotta Clerici signe avec cette création un texte qui frappe par son intelligence émotionnelle et sa justesse psychologique. L'autrice-metteuse en scène explore sans complaisance cette zone trouble où l'attachement persiste alors que la relation s'est fracassée. Hugo et Alice s'aiment encore mais leurs conceptions de l'existence les rendent irréconciliables. Lui cultive sa liberté comme un jardin secret, elle aspire à un engagement total. Entre ces deux tempéraments, la vie commune devient un champ de mines. Le dialogue progresse comme une enquête intime, où chacun tente de comprendre pourquoi l'amour le plus ardent ne suffit pas à bâtir un quotidien.
La mise en scène privilégie la sobriété. Deux décors distincts racontent à eux seuls les univers antagonistes des protagonistes : l'appartement masculin, puis la maison féminine, dessinent deux manières d'habiter le monde. La lumière de Patrice Le Cadre et la musique d'Aldo Gilbert ponctuent les moments de tension et d'abandon sans jamais forcer l'émotion.
Caroline Devismes et Thomas Le Douarec forment un duo impressionnant comme jamais. Avec une belle intensité, lui campe un homme prisonnier de ses propres défenses, oscillant entre désir et fuite, machisme involontaire et vulnérabilité. Elle incarne Alice avec une délicatesse déchirante, portant à bout de bras les espoirs et les désillusions d'une femme qui voudrait conjuguer passion et stabilité. Leur jeu, nourri d'une connivence évidente, particulièrement touchant, transforme ce qui aurait pu n'être qu'un huis clos sentimental en une véritable radiographie des impasses du cœur.
Le texte de Carlotta Clerici évite tous les pièges du genre. Elle compose une partition où le rire affleure constamment, mais jamais pour détourner de l'essentiel. L'humour surgit des situations, des répliques acérées, des aveux maladroits. On rit, on s'émeut, on se reconnaît dans ces deux écorchés vifs qui cherchent l'impossible équation : ni avec toi, ni sans toi. Cette formule, qu'on retrouve de Truffaut à Duras, prend ici une résonance contemporaine. La pièce interroge avec finesse notre époque, ses injonctions contradictoires, ses quêtes d'absolu confrontées aux réalités prosaïques.
Au Studio Hébertot, l'intimité de la salle accentue la proximité avec ces deux âmes en quête d'elles-mêmes. On sort bouleversés, remués par cette exploration sans fard de ce qui demeure quand tout semble terminé. Un petit bijou théâtral à découvrir d'urgence !
Paru le 16/11/2025
(7 notes) STUDIO HÉBERTOT Jusqu'au dimanche 8 février 2026
THÉÂTRE CONTEMPORAIN. "L’amour - le vrai - ne meurt pas. Ce sont les relations qui prennent fin."
Un an après leur rupture, Alice débarque chez Hugo au milieu de la nuit : que reste-t-il de cet amour qu’elle croyait éternel ? Un an après cette nuit-là, c’est Hugo qui sonne à la porte d’Alice… Un instant de vérité drôle...
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