Connexion : Adhérent - Invité - Partenaire

© Sébastien Toubon
Zoom par Patrick Adler
Les Justes
Poche-Montparnasse

Fort de ses deux Molières, on l'attendait forcément, notre Maxime d'Aboville. Allait-il, en s'emparant d'une œuvre aussi magistrale que "Les Justes" de Camus, en tirer la substantifique moelle, la rendre accessible, digeste ? C'est justement un "digest" qu'il nous a concocté, en coupant dans le texte original, en supprimant même quelques personnages mais en gardant l'esprit de l'auteur, en le magnifiant par un casting et une direction d'acteur au cordeau et une très belle scénographie, dépouillée - des murs gris, une toile peinte, une chaise, un escalier - signée du talentueux Charles Templon. Bravo !
"Les Justes" version d'Aboville, ce sont des phrase courtes, un ton sec, tranchant, une sobriété, une rigueur qui mettent en valeur les thèmes de la violence politique - jusqu'où peut-elle aller ? -, de la justice et interrogent les zones troubles de l'action politique, C'est aussi une bande-son et des lumières très léchées qui installent une manière de thriller, rendant ainsi l'œuvre limpide. C'est enfin et surtout un quatuor de haut vol, celui, pour trois d'entre eux, du "Naïs" de Pagnol, mis en scène par Thierry Harcourt, encensé jadis dans nos colonnes.
Dans la pièce, le toujours impeccable Arthur Cacchia campe l'impulsif et radical Stepan, Marie Wauquier l'émouvante Dora, tiraillée entre son appétit de vivre et son sens du devoir. Étienne Ménard est convaincant dans son personnage de Annenkov, il est comme la statue du Commandeur : calme et mesuré et Oscar Voisin, en Yanek, poète idéaliste plein de fougue, offre un éclairage romantique intéressant. Tous ces personnages sont "des meurtriers délicats" qui dévoilent tous leurs failles dans ce débat existentiel, où l'exaltation côtoie la terreur et le fanatisme, où l'absolutisme idéologique prend le pas sur l'humanisme. Cette pièce résonne forcément avec l'actualité et nous interroge avec pédagogie et subtilité. Bravo, mille bravos !
Paru le 15/10/2025

(22 notes)
JUSTES (LES)
THÉÂTRE DU POCHE-MONTPARNASSE
Jusqu'au dimanche 4 janvier 2026

COMÉDIE DRAMATIQUE. Moscou, février 1905. Quatre terroristes du Parti Socialiste Révolutionnaire préparent un attentat contre le Grand-Duc Serge, oncle du Tsar. Kaliayev, dit "le poète", tiraillé entre sa soif de justice et son respect de la vie, est chargé de lancer la bombe. Surgit un événement inattendu qui menace...

Voir tous les détails