Zoom par Patrick Adler
Rose Royal
Au Studio des Champs-Elysées
Elle s'est battue pour adapter la nouvelle de Nicolas Mathieu et il ne lui a pas fallu longtemps pour convaincre Romane Bohringer de lui offrir son regard expert et bienveillant et signer la mise en scène de ce petit bijou théâtral qui, comme la "Grenade" de Clara Luciani, éclate en plein jour. C'est une des belles surprises de la rentrée. Mais le terme "surprise" est-il approprié quand il est question de tant de talents rassemblés ? Ces trois cartes maîtresses - l'auteur Nicolas Mathieu, la metteuse en scène Romane Bohringer et la comédienne Anne Charrier - forment un brelan d'as gagnant. A tous les coups. Et des coups, il en pleut au "Royal".
C'est une jolie femme qui balance, amusée, sa petite cinquantaine avec sa malice, sa bonne humeur, ses désillusions et sa mélancolie aussi, car sous des dehors joyeux quand elle chante, quand elle danse, il y a un fond de tristesse palpable au premier regard mais peu importe, elle triche bien, elle fait comme si tout allait bien. Elle se voit ordinaire alors qu'elle est jolie, sexy et attachante en diable. Elle se trouve juste "normale", se contente de peu, son boulot de secrétaire de direction, quelques coups à boire au Royal avec sa copine Marie-Jeanne (tiens, tiens, le même prénom qu'une serveuse automate de comédie musicale...). Ceux-là, au moins, la rassurent. Rien à voir avec ceux qu'elle a reçus, sans rien dire. Les hommes ? Des salauds, parfois même des brutes. Elle en a eu quelques-uns, elle s'est même mariée. Deux fois. Par deux fois, elle y a cru. Conclusion ? Deux divorces, des enfants qui téléphonent juste pour les fêtes. Le minimum syndical.
Alors, elle se protège. Elle s'est même acheté un flingue qui ne quitte pas son sac à main. Et au "Royal" qui est devenu son QG, son lieu de ralliement, l'endroit où elle décompresse, elle va étrenner son arme pour la première fois en allégeant les souffrances d'un chien renversé que tient dans ses bras Luc. Emue par la compassion de l'homme, elle replonge. Parce que rien ne remplace l'amour, la vie à deux... Bien sûr, il y a son corollaire de mensonges mais elle veut y croire. Et puis, elle n'a plus rien à craindre maintenant, elle a un flingue. D'autres hommes suivront. Même schéma. Pour le dernier, elle se plait à croire, au vu des "pannes" répétées qu'elle peut avoir le dessus. Las ! Elle a eu beau jurer, comme le corbeau, qu'on ne l'y reprendrait plus... elle a oublié ces mots qui disent tout dans la fable : le "mais un peu tard", ça ne vous dit rien ? Cette femme ordinaire, que campe avec une maîtrise et un talent époustouflants Anne Charrier, est ficelée dans son quotidien (clin d'œil habile à la scénographie où tous les éléments de décor sont enserrés par des cordelettes). Elle avance, élégante, telle une déesse Grecque vers son funeste destin. Avant l'heure fatidique, elle se dévoile, se livre sans ambages, sans fausse pudeur. Elle est authentique et même pudique malgré sa gouaille. Elle est touchante et belle.
Quand elle fend l'armure, elle émeut, créant une sororité évidente car elles sont nombreuses, ces femmes qui un jour ou l'autre ont connu l'emprise.
Ce qu'on retiendra, outre la puissance du verbe, la finesse de la mise en scène et le jeu de haut vol d'Anne Charrier, c'est aussi et surtout cette belle élégance d'ensemble qui rend la tragédie supportable. Ce "Rose Royal" est, par le magnétisme d'Anne Charrier, de ces pépites qu'il faut découvrir urgemment.
Alors, elle se protège. Elle s'est même acheté un flingue qui ne quitte pas son sac à main. Et au "Royal" qui est devenu son QG, son lieu de ralliement, l'endroit où elle décompresse, elle va étrenner son arme pour la première fois en allégeant les souffrances d'un chien renversé que tient dans ses bras Luc. Emue par la compassion de l'homme, elle replonge. Parce que rien ne remplace l'amour, la vie à deux... Bien sûr, il y a son corollaire de mensonges mais elle veut y croire. Et puis, elle n'a plus rien à craindre maintenant, elle a un flingue. D'autres hommes suivront. Même schéma. Pour le dernier, elle se plait à croire, au vu des "pannes" répétées qu'elle peut avoir le dessus. Las ! Elle a eu beau jurer, comme le corbeau, qu'on ne l'y reprendrait plus... elle a oublié ces mots qui disent tout dans la fable : le "mais un peu tard", ça ne vous dit rien ? Cette femme ordinaire, que campe avec une maîtrise et un talent époustouflants Anne Charrier, est ficelée dans son quotidien (clin d'œil habile à la scénographie où tous les éléments de décor sont enserrés par des cordelettes). Elle avance, élégante, telle une déesse Grecque vers son funeste destin. Avant l'heure fatidique, elle se dévoile, se livre sans ambages, sans fausse pudeur. Elle est authentique et même pudique malgré sa gouaille. Elle est touchante et belle.
Quand elle fend l'armure, elle émeut, créant une sororité évidente car elles sont nombreuses, ces femmes qui un jour ou l'autre ont connu l'emprise.
Ce qu'on retiendra, outre la puissance du verbe, la finesse de la mise en scène et le jeu de haut vol d'Anne Charrier, c'est aussi et surtout cette belle élégance d'ensemble qui rend la tragédie supportable. Ce "Rose Royal" est, par le magnétisme d'Anne Charrier, de ces pépites qu'il faut découvrir urgemment.
Paru le 02/10/2025






![]() ![]() ![]() ![]() ![]() (13 notes) STUDIO DES CHAMPS-ELYSEES Jusqu'au dimanche 28 décembre
SEUL(E) EN SCÈNE. Je m’appelle Rose. J’ai 50 ans. Je m’en fous, j’ai de beaux restes. Et avec les mecs, je sais me défendre. Je peux vous dire que le dernier type avec qui je suis sortie a eu chaud. Un soir, il matait le JT pendant que j’étais au téléphone. Il m’a dit : "Mais tu vas fermer ta gueule !?" Motif : je ...
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