Connexion : Adhérent - Invité - Partenaire

© Fanchon Binille
Portrait par Jeanne Hoffstetter
Clément Poirée
directeur du théâtre de la Tempête

Entre lui et ce théâtre, c'est une longue histoire à laquelle il n'était pas destiné en terminant ses études de sociologie politique. Mais quand le hasard vient se mêler de votre vie et vous invite à sortir de la droite ligne, pourquoi ne pas le suivre ?
« Effectivement, je n'avais aucune idée de l'orientation qu'allait prendre ma vie. Le théâtre je ne le pratiquais pas et je le connaissais mal. Et par une série de circonstances assez rocambolesques, après avoir découvert à la Tempête en 1999 « Excédents de poids, insignifiant : amorphe » de Werner Schwab, monté par Philippe Adrien, j'en suis arrivé à lui demander un stage d'observation sur un de ses spectacles. Et l'aventure a commencé, j'ai appris sur le tas, j'ai connu là mon premier engagement puis ma première programmation. »

Devenu le collaborateur de Philippe Adrien, il se lance dans la mise en scène dès 2004, y compris celles de livres-audio destinés aux enfants. « C'est un grand rêve de faire un spectacle pour les enfants. » Puis, par une décision concertée entre Philippe Adrien et le Ministère de la Culture, il prend en 2017 la direction de la Tempête. Qu'en a-t-il été de l'influence du maître sur l'élève ? « Elle a été très grande. C'était quelqu'un auprès duquel il faisait bon s'épanouir à sa propre manière, si l'on trouvait son endroit de contribution. La découverte de son univers onirique faisait vraiment écho en moi.

Il y a tellement de manières d'aborder cette chose qu'est le théâtre

Son héritage est aussi celui d'un esprit indépendant d'une curiosité à nulle autre pareille ; celui de la grande attention qu'il portait aux autres, toujours dans la discrétion. C'est un compagnonnage qui m'a autant appris humainement que pratiquement, il y a tellement de manières d'approcher cette chose qu'est le théâtre ! Et tout en apprenant je développais ma propre manière de voir car il n'y avait chez lui aucune ambition dogmatique, il n'a jamais attendu de moi ou de quiconque de voir une continuité dans une technique, une méthode ou quoi que ce soit. »

Quel était en 2017 l'état d'esprit de l'enfant de la maison quant à l'évolution de ce théâtre fondé en 1971 par Jean-Marie Serreau ? « C'était la conscience que ce n'est pas un lieu de projets. Ce qui nous anime est de vivre le théâtre au quotidien, de susciter la curiosité du public autour de l'écriture dramatique et d'une programmation éclectique. Des choses ont changé, mais pas certains principes : Rester un théâtre d'accueil, de découvertes, un lieu de créations et de productions qui nous permet de passer beaucoup de temps avec les Compagnies, de laisser le temps aux spectacles de se développer, d'élargir ainsi notre public, de le renouveler et de le voir même rajeunir. »

Cerise sur le gâteau en septembre ce mystérieux « Cabaret néopathétique » qui promet de voir accourir le public ! « Oui, j'avais envie de créer un événement porté par une troupe éphémère symboliquement composée d'un membre de chaque spectacle de la saison. » Un mot encore ? ´« J'ai envie de dire : Venez au théâtre ! C'est un endroit qu'il est bon d'habiter et qui peut réellement nous aider à habiter le monde. »
Paru le 02/10/2025