Converser avec Bernard Campan est comme un moment suspendu, une parenthèse heureuse. Entre la saveur des mots et la suavité de la voix, on se plait à penser que l'homme, infiniment humble malgré un parcours sans faute et un changement de pied artistique des plus réussis, traverse les nouvelles aventures avec la même curiosité.

Isabelle Carré a compris très tôt que derrière « L'Inconnu », qui a jadis rempli des stades et fait rire des millions de gens, se cachait un hyper-sensible. Après quelques films, quelques pièces, c'est donc naturellement lui qu'elle va retrouver sur scène, après le succès de « La Dégustation » dans ce même théâtre.

« Un pas de côté » est une comédie légère, lit-on. Plutôt une comédie romantique, très bien ficelée et... formidablement écrite. Un banc réunit Vincent (Bernard Campan), un quinqua en proie aux doutes, aux affres de l'âge qui avance et Catherine (Isabelle Carré) qui gère un mari dépressif. Tous deux sont en couple, donc engagés. Et pourtant... De rencontres en rencontres, de confidences en confidences, un lien plus fort que prévu se noue sur ce banc. Si la passante à l'œil affuté et Julien, le jeune mixeur du studio, ami de Vincent, y voient un évident rapprochement et, par là même, une liaison possible, rien ne dit que leurs deux couples vont basculer. De la pulsion, du désir à l'engagement, c'est toute la difficulté de s'abandonner qui se joue.


Entre émotion et tension (et quelques éclats de rire qui viennent émailler la rencontre), on vit la poésie et la beauté de l'amour naissant. Comme une évidence, Isabelle Carré et Bernard Campan se fondent dans ces rôles à la mesure de leur talent et de leur sensibilité. Ils sont mis en scène avec élégance et précision par l'autrice Anne Giafferi. Il ne vous reste plus qu'à... franchir le pas du Théâtre de la Renaissance !