Zoom par Patrick Adler
Un pas de côté
À la Renaissance
De retour au théâtre après le triomphe de "La dégustation", Bernard Campan et Isabelle Carré se rencontrent cette fois... sur un banc public qui, comme une évidence, devient peu à peu privé par le rituel de son occupation régulière et de ses rendez-vous, aussi délicieux que troublants, donnant à l'ensemble un air de symphonie. A la baguette, Anne Giafferi : elle a écrit la partition avec des notes simples qui résonnent pour deux solistes complices qui savent comme personne tenir le rythme, marquer la rupture, surprendre, émouvoir. Quand le rideau tombe, comme dans le "Un homme et une femme" de Lelouch, le public garde longtemps en tête cette jolie musique des cœurs, entêtante et jouissive.
Ils auraient pu passer sans se voir. Ils auraient pu. Répondant à l'assertion d'Eluard qui dit qu'"Il n' y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous", ils vont aller jusqu'au bout - ou pas, l'histoire le dira - de la parenthèse. D'une rencontre fortuite, anodine, simple, ils en font un rituel, une respiration obligatoire, où l'échange gagne en intimité. Se pose alors la question de l'engagement. Vivent-ils une parenthèse ou un tournant de vie ? Chacun fait un pas vers l'autre et cette chorégraphie, parfois maladroite et troublante, nous concerne et nous interroge au plus haut point. De jeux de regards en silences, de petits mots sans importance apparente en vérités, ils disent chacun leur vie, leur part de désenchantement comme leur part d'acceptation. Chacun s'accorde avec la vie : elle, avec son mari dépressif, lui avec le prosaïque d'une vie maritale. Comme deux adolescents qui découvrent l'éveil des sens et l'interdit, qui se cherchent, jouent au "je t'aime, moi non plus", ils sont reine et roi de leur château du moment : le banc. Ces instants volés dont nul ne sait où ils vont les mener engendrent le doute. Comme deux victimes qui n'ont rien vu venir, ils sont là, gauches, fébriles mais humains, infiniment humains. Quid de la falaise qu'ils évoquent dans leurs rêves de scénario ? La métaphore est heureuse, elle dit tout d'eux. Elle exprime le risque. Alors, iront-ils jusqu'au bout ? Voire...
Cette comédie romantique est portée par deux immenses talents qui nous offrent une fluidité de jeu exceptionnelle. Bernard Campan, dans sa maladresse, parfois même sa balourdise, est on ne peut plus touchant. Sa sincérité nous émeut. Comme à son habitude, Isabelle Carré propose une palette de jeu phénoménale : mutine, câline, hésitante et déterminée, elle joue de toutes les nuances avec agilité. Les seconds rôles ne sont pas en reste qui, en observateurs avisés et amusés du couple, offrent le piment supplémentaire à ce mets apparemment aigre-doux.
Voilà donc une pépite signée Anne Giafferi qui, en alliant sobriété, rythme et surtout - et c'est là le charme de cette comédie (ou symphonie) romantique - élégance et pudeur, nous offre "Un pas de côté" des plus réussis ! Bravo, mille bravos !
Cette comédie romantique est portée par deux immenses talents qui nous offrent une fluidité de jeu exceptionnelle. Bernard Campan, dans sa maladresse, parfois même sa balourdise, est on ne peut plus touchant. Sa sincérité nous émeut. Comme à son habitude, Isabelle Carré propose une palette de jeu phénoménale : mutine, câline, hésitante et déterminée, elle joue de toutes les nuances avec agilité. Les seconds rôles ne sont pas en reste qui, en observateurs avisés et amusés du couple, offrent le piment supplémentaire à ce mets apparemment aigre-doux.
Voilà donc une pépite signée Anne Giafferi qui, en alliant sobriété, rythme et surtout - et c'est là le charme de cette comédie (ou symphonie) romantique - élégance et pudeur, nous offre "Un pas de côté" des plus réussis ! Bravo, mille bravos !
Paru le 25/09/2025






![]() ![]() ![]() ![]() ![]() (10 notes) THÉÂTRE DE LA RENAISSANCE Jusqu'au dimanche 11 janvier 2026
COMÉDIE. Aux premiers jours du printemps, Catherine et Vincent font connaissance en déjeunant sur le même banc public. Tous les deux sont mariés mais ils prennent l’habitude de s’y retrouver, de parler, de rire, de se confier l’un à l’autre. Pour Stéphane qui redoute l’arrivée de la vieillesse et Catherine...
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