Spécial Avignon par Patrick Adler
La sœur de Jésus-Christ
Théâtre des Doms
Ce n'est pas un biopic religieux, plutôt une vendetta, bien que l'action ait lieu dans les Pouilles (au Sud de l'Italie) et non pas en Corse. Maria, "parce qu'elle est trop belle pour toi", dirait Brel, affole par sa plastique tous les hommes du village. Elle a quinze ans, est belle à se crucifier, comme Jésus, son frère. Ce sont deux miraculés de la nature, deux icônes esthétiques. Et Maria, telle Bernadette Lafont dans "La fiancée du pirate" si elle s'offre aux regards - et parfois aux corps - ne saurait pour autant être maltraitée (mal traitée, diraient les Lacaniens). Etait-ce une raison pour la violenter ? Quand elle avance, pistolet en main vers la maison d'Angela le couillon, l'auteur du crime, elle est déterminée à se venger. Dans ce western moderne bouleversant, aux allures de tragédie grecque, nous assistons au chemin de croix de tout un village qui a fait de cette révolte son histoire. Les uns dissuadent Maria, les autres l'encouragent. Maria, c'est l'exemple, Maria, c'est la fille qui a su dire non. Va-t-elle tirer ? Nous sommes aimantés de bout en bout par ce fait divers devenu par la puissance des mots d'Oscar de Summa, du jeu incroyable de Félix Vannoorenberghe et de l'habillage musical de Florence Sauveur un OTNI (objet théâtral non identifiable). Grandiose !
Le plateau est nu. Sur un cintre flotte une petite robe rouge que le comédien, pieds nus, enfile devant nous. Vont s'ajouter au fur et à mesure de l'histoire d'autres cintres sur ces portants vides qui, peu à peu, vont se remplir, représentant via les "outfits" les différents personnages du village. Car l'affaire a tôt fait de faire grand bruit. Chacun y va de son petit jugement, convoquant ses souvenirs. C'est clanique, sanguin, charnel, ça parle, ça concerne. Et puisque les mots font sens, c'est avec toute la virtuosité de Félix Vannoorenberghe qu'ils sortent, drus, cash, puissants. À lui seul, il campe tous les éléments du village, femmes et hommes. Une perruque, un fichu, un blouson, une jupe et vous les avez là, devant vous. Il passe de l'un à l'une, de l'une à l'autre avec un naturel saisissant. En plein accord avec la musique qui souvent s'apparente à une mélopée, il déroule l'histoire, gère même les silences pour accentuer l'aspect dramatique. Et se changer, enfiler un nouveau costume. Son jeu est hypnotique. Dans la salle - bondée depuis le début du festival - on entendrait une mouche voler. Va-t-elle tirer ? Ira-t-elle jusqu'au bout ?
Et c'est dans ce tourbillon fou qu'après une heure d'une telle prouesse théâtrale nous sortons de la salle, rincés, après une interminable standing-ovation pour Félix Vannoorenberghe et Florence Sauveur, amplement méritée. Sans oublier la magistrale mise en scène épurée du metteur en scène iconique de la Belgique : Georges Lini.
C'est la tragédie esthétisante d'un fait divers qui a valeur d'exemple et pousse à la réflexion sur le consentement, les dogmes scélérats du patriarcat, la propriété du corps. Les musiques de Florence Sauveur qui ont habillé de bout en bout le récit, nous accompagneront longtemps car elles participent à l'émotion générale de la pièce. Et de l'émotion, on en eu plus que prévu !
Merci pour ce moment.
Nouveau coup de coeur de la rédaction !
Et c'est dans ce tourbillon fou qu'après une heure d'une telle prouesse théâtrale nous sortons de la salle, rincés, après une interminable standing-ovation pour Félix Vannoorenberghe et Florence Sauveur, amplement méritée. Sans oublier la magistrale mise en scène épurée du metteur en scène iconique de la Belgique : Georges Lini.
C'est la tragédie esthétisante d'un fait divers qui a valeur d'exemple et pousse à la réflexion sur le consentement, les dogmes scélérats du patriarcat, la propriété du corps. Les musiques de Florence Sauveur qui ont habillé de bout en bout le récit, nous accompagneront longtemps car elles participent à l'émotion générale de la pièce. Et de l'émotion, on en eu plus que prévu !
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Plus d'informations : lesdoms.eu/
Paru le 21/07/2025





