Spécial Avignon par Patrick Adler
J’ai 8 ans et je m’appelle Jean Rochefort
Aux Béliers Avignon
Fort de son dernier succès théâtral "Bashir Lazhar", Thomas Drelon revient en force avec l'adaptation du best-seller de Adèle Fugère. Peu lui chaud de camper une gamine de huit ans, de porter une moustache ou pas dans ce conte pour enfants plutôt dédié aux adultes. La dépression n'a pas d'âge, pas de sexe non plus et le parallèle entre l'enfant qu'il campe et Jean Rochefort, grand dépressif assumé, est intéressant car il va, avec le concours de Morgan Pérez, son metteur en scène, trouver des trésors de douceur, poésie et humour pour atteindre le "happy end". Aussi singulier que charmant.
Il a gardé ce côté poupin, Thomas Drelon, cette candeur angélique qui lui confère une poésie toute naturelle. Sa voix est douce, presque flutée. Aussi se glisse-t-il avec agilité dans ce personnage de gamine en proie au spleen qui, comme dans un conte, va voir sa vie changer par la seule présence... d'une moustache. Même si la réalité est tangible, Rosalie n'aura, comme dans toute fable, aucun mal à faire accepter sa nouvelle identité, même à ses parents, ce qui, peu à peu, la libèrera. Elle est fantasque, pleine d'images et de rêves dans sa tête, alors elle va s'inventer des vies, rapatrier ses amis dans une chambre aux couleurs aussi acidulées que les bonbons de l'enfance. Et de la couleur, elle en a besoin, c'est sa vitamine D, ce qui lui donne du rose aux joues comme la moustache, ce colifichet farfelu, lui donne de l'assurance. C'est loufoque et tendre à souhait, pas si léger que cela malgré l'aspect onirique. Dans sa construction, l'enfant fait régulièrement appel à son imaginaire. Disons qu'avec le personnage de Rosalie il est exacerbé et fourni car n'est pas Jean Rochefort qui veut. Son apparente désinvolture, son humour "so british", son élégance, masquaient une profonde angoisse que le sourire balayait avec élégance. Comme la logorrhée verbale de Rosalie/Thomas qui, presque mécaniquement, déroule son histoire.
En baignant symboliquement dans un liquide (amniotique ?), en y perdant sa moustache, elle retrouve l'espoir, le sourire et son identité. Elle, qui affirmait "Je suis Jean Rochefort", s'appelle à nouveau Rosalie. Fin du rêve pour celui qui l'a incarné une heure durant : Thomas Drelon. L'un et l'autre nous ont séduits, elle par son histoire, lui par sa variation de jeu. Peut-être ont-ils même réveillé l'enfant en nous... Retomber en enfance, c'est parfois si doux ! Merciiii !
En baignant symboliquement dans un liquide (amniotique ?), en y perdant sa moustache, elle retrouve l'espoir, le sourire et son identité. Elle, qui affirmait "Je suis Jean Rochefort", s'appelle à nouveau Rosalie. Fin du rêve pour celui qui l'a incarné une heure durant : Thomas Drelon. L'un et l'autre nous ont séduits, elle par son histoire, lui par sa variation de jeu. Peut-être ont-ils même réveillé l'enfant en nous... Retomber en enfance, c'est parfois si doux ! Merciiii !
Plus d'informations : theatredesbeliers.com/
Paru le 21/07/2025





