Les "Verfügbar" (traduction littérale : les "mises à disposition") n'entendent pas se laisser damer le pion par ce conférencier qui les réduit à l'état de nuisibles, donc de sous-femmes et comme elles donnent de la voix - en chantant haut et fort - et du verbe - elles ont la puissance des mots - et que leurs airs (populaires) résonnent dans toutes les oreilles, elles vont vite perturber, voire saboter ("Survivre, notre ultime sabotage", écrivait Germaine Tillon), le travail du pseudo-ethnologue.
C'est frais, pétillant, bien orchestré - un seul musicien au milieu de toutes ces voix , bravo à Grégoire Béranger -, truculent et insolent à souhait, jamais malaisant malgré le thème. On rit beaucoup, jusque dans le french-cancan "so cheap" avec des serviettes et les chorégraphies des "terrassières" à plumes prenant en otage le conférencier qui, juste avant, improvisait quelques pas de danse en costume tyrolien. L'énergie déployée est communicative, le grotesque devient esthétique et comme les mots, les chants font sens, le public ressort un tantinet chamboulé car face à la barbarie, adhérer à cette fantaisie musicale pourrait être incongrue. Mais la magie du show opère : la raison trouve une résonnance dans cet exercice enlevé, performant, qui tient à la fois du théâtre, du chant et de la danse.
La Troupe Nosferatu, si elle éloigne les vampires - à ce qu'on dit - rassemble chaque jour un public de plus en plus nombreux et ce... depuis 2022 ! Alors, longue vie à cette troupe "résistante" qui sait redonner la dignité aux femmes et nous enjoint à ne jamais oublier. Et si, comme chez Benigni, la vie était belle... malgré tout ?
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