Spécial Avignon par Patrick Adler
Les dactylos
Au Petit Louvre
Quelle bonne idée que d'avoir remonté cette pièce mythique de Murray Schisgal, adaptée en français - et jouée à l'époque - par le merveilleux Laurent Terzieff. Avec cette pépite, qui se situerait entre Ionesco, Jarry, Copi et Dubillard, on se régale des dialogues comme des situations. La mise en scène dynamique et burlesque de Eric Chantelauze nous met en joie. Le public tape... des mains ! À vos claviers !
Elle arrive sur le plateau, s'installe à son bureau, devant sa machine, se relève, fait un tour du propriétaire, se maquille un peu, ajuste ses feuilles... Le geste est mécanique, serait-on chez Buster Keaton ? Puis arrive l'homme. Il est nouveau, quelque peu emprunté, s'excuse à tout bout de champ, se plante au clavier, se fait réprimander par celle qui vient de passer "responsable" mais qui s'en défend. Serait-on chez Jarry ? Les dialogues fusent, ça tape sur le clavier autant que sur les nerfs. Entre minauderies, amabilités et autres gestes d'affection qui bientôt dépasseront la bienséance, on entre peu à peu en Absurdie. Serait-on aussi chez Ionesco ? Comme dans "La leçon", la violence est sourde mais elle monte. Jouer de maladresse en tapant des adresses est incongru mais pour qui se projette dans un ailleurs bien plus confortable (devenir avocat pour l'un, se marier pour l'autre), cela devient presque inévitable. Le caractère répétitif génère l'enfermement, la révolte, hystérise les rapports.
On regarde ainsi ce duo avec beaucoup de tendresse car ils sont touchants dans leurs petites manies, leurs frustrations et leurs aspirations à un avenir meilleur. C'est toute leur vie en une journée qui se déroule devant nous, au rythme de dialogues succulents. Entre prises de tête... et de corps, ils sont eux comme ils sont vous et nous : humains, infiniment humains. La mise en scène - comme la direction d'acteurs - est dynamique et impeccable. Le choix de Valentine Revel-Mouroz dont le jeu très varié et précis n'est pas sans rappeler son aînée, la formidable Evelyne Buyle, a été judicieux. Quant à Jérôme Rodriguez, il sera passé avec agilité de Gogol à Schisgal dans la peau de cet employé aussi maladroit qu'hilarant. Courez les applaudir !
On regarde ainsi ce duo avec beaucoup de tendresse car ils sont touchants dans leurs petites manies, leurs frustrations et leurs aspirations à un avenir meilleur. C'est toute leur vie en une journée qui se déroule devant nous, au rythme de dialogues succulents. Entre prises de tête... et de corps, ils sont eux comme ils sont vous et nous : humains, infiniment humains. La mise en scène - comme la direction d'acteurs - est dynamique et impeccable. Le choix de Valentine Revel-Mouroz dont le jeu très varié et précis n'est pas sans rappeler son aînée, la formidable Evelyne Buyle, a été judicieux. Quant à Jérôme Rodriguez, il sera passé avec agilité de Gogol à Schisgal dans la peau de cet employé aussi maladroit qu'hilarant. Courez les applaudir !
Plus d'informations : theatre-petit-louvre.fr/avignon/avignon-2024/
Paru le 08/07/2025





