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D.R.
Spécial Avignon par Patrick Adler
Vermeer et son faussaire
À L'Oriflamme

Pourquoi s'arrêter en si bon chemin après le succès des "Collectionnistes" qui, après Paris, reçoit aujourd'hui le même accueil en Avignon ? Coup double donc pour François Barluet qui a décidé de reprendre à l'Oriflamme son autre petit chef-d'œuvre "Vermeer et son faussaire" avec son merveilleux acolyte Benoit Gourley. Courez les applaudir : le faussaire joue juste et le collectionneur dit vrai. Donc, si vous aimez le Grand Art... et les polars, il est grand temps de réserver !
François Barluet, expert en peinture à l'état civil, n'aimant rien tant que taquiner la muse et... s'amuser, a choisi de nous délivrer non pas une conférence ex-cathedra mais une création très originale, qui oscille entre pièce de théâtre, conférence imaginaire et enquête. Dans une décontraction très "british", il a choisi d'exhumer l'éminent faussaire Han Van Meegeren pour se confronter à lui, ouvrant ainsi un "Cold case" palpitant qui, parallèlement, pose la question du rapport de l'Art au Marché, devenu parfois un marché de dupes où la vanité des pseudo-experts est mise à mal par l'inventivité de peintres-escrocs. Comme l'affaire Van Meegeren a fait grand bruit et a une valeur historique, le spectateur est comme aimanté par cette profusion d'infos, d'anecdotes croustillantes. La plume est pourtant légère, le ton badin mais ce duel à fleurets mouchetés ne saurait faire oublier les moments tragiques de l'Histoire de l'Art (la spoliation des œuvres d'art chez les juifs, la collaboration avec les Nazis, une pandémie d'opérette...). On se régale des secrets de fabrication du machiavélique faussaire, on découvre avec intérêt l'utilisation de la bakélite dans la couche de peinture, on s'interroge sur la multiplication des faux sur le marché de l'art, on entend la sidération du directeur de la galerie Courtauld qu'interprète François Barluet face à la confession tardive mais vaine de Van Meegeren (excellent Benoit Gourley) et, comme chez Guignol, on en arrive même à applaudir à pleines mains la réhabilitation de celui qui fut un temps "L'ennemi public numéro 1" de l'Art.
Vous l'aurez compris, c'est documenté, érudit, fin, brillant et... plein d'humour. Benoit Gourley nous offre une interprétation du faussaire... jubilatoire ! Aussi foutraque que fantasque, aussi arrogant que malin, aussi avide d'argent et d'honneurs que de femmes, il est un personnage de comédie, une manière de Sganarelle narquois face à la statue du Commandeur qu'incarnerait le sobre François Barluet.
Retour gagnant donc pour cette pièce "ludo-pédago" de très haut vol ! Pépite ! Un conseil : il est prudent de réserver.
Paru le 07/07/2025

(28 notes)
VERMEER ET SON FAUSSAIRE
AVIGNON - ORIFLAMME (L')
Jusqu'au samedi 26 juillet

COMÉDIE DRAMATIQUE. 1920 : Han van Meegeren est un peintre très doué… mais frustré d’être snobé par les critiques d'art. Il veut prendre sa revanche ! Comme on ne connaît du grand Vermeer que quelques tableaux profanes, Han prouve son talent en imaginant les tableaux religieux que le grand maître n’a pas peints. Il i...

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