L'affiche est belle. Le gâteau donne envie. Est-il seulement savoureux ? Les premières notes d'Offenbach et la chorégraphie burlesque des comédiens donnent le ton. Avec des accents qui ne sont pas sans nous rappeler les films en noir et blanc de Capra ou l'esprit "cartoon", les personnages sont vraiment incarnés, clownesques à souhait. Un Feydeau lent serait un mauvais Rohmer. Alors, dans cette partition qui ne nous laisse aucun répit pendant cent minutes, ça bouge, ça danse, ça virevolte, les portes claquent, les claques fusent (moins que les rires dans la salle, heureusement). Entre gags bien sentis, quiproquos à gogo, péripéties en cascade, le public est tendu, tendu, tendu !
On se régale des minauderies de Lucette (formidable Selma Hubert), des mimiques de sa sœur boulimique (elle excelle également en camériste anglaise), des revendications de Viviane la future mariée (elle veut un homme, un vrai), de l'accent sud-américain très "appuyé" du truculent et imposant Général Irriga (génial Jean-Gérarld Dupau), des maladresses de Bouzin l'emprunté, des répliques de la Baronne Duverger, une femme haute en couleurs (un mix de Catherine Jacob, Catherine Frot et Valérie Lemercier, drolissime !), des jongleries amoureuses du bellâtre Bois d'Enghien, des expirations repoussantes de Fontanet (ça marche à tous les coups)... Pas de temps mort. Du rythme, rien que du rythme. Pierre Person et Florence Le Corre ont tout compris, une fois de plus. Le résultat est à la hauteur : la troupe affiche complet pour les premiers jours. Et encore une pépite signée Le Lucernaire ! Bravo, mille bravos !