Article de Patrick Adler
Barbara. Mémoires interrompus.
Studio Hébertot
Elle disait qu'écrire est un moyen de continuer le dialogue. Dans ce seule-en-scène qui reprend ses mémoires, Catherine Piétri, par la variété de son jeu, nous fait revivre la Barbara moins connue, celle d'avant, d'avant la scène, d'avant la gloire, celle de l'enfance et de ses secrets douloureux, celle de l'inceste, celle du pardon aussi.
Émouvant et puissant !
Émouvant et puissant !
Comme Monique Serf - le patronyme de Barbara, à une époque où les chanteurs et les chanteuses ne s'appelaient que par leur prénom -, elle est vivante, infiniment vivante, diablement vivante. Excentrique au sens étymologique du terme, elle est davantage une élève de l'École Buissonnière avec sa liberté à elle, ses aspirations en boucle comme les ronds de zan qu'elle mange à l'envi. Elle veut chanter. À tout prix. Déjà petite, quand on lui disait : "Qu'est-ce que tu as dans la tête, ma pauvre enfant ?", elle répondait effrontément : "De la musique". La vie lui donnera raison puisqu'au moment de tirer sa révérence, elle concèdera : "Je m'en suis sortie puisque je chante".
Catherine Piétri incarne avec une justesse inouïe cette longue dame brune qui - on l'oublie trop souvent -, était infiniment joyeuse, quoi qu'il lui en coûtât ! À l'étoile de David, symbole de sa judéité, s'était sans doute adjointe celle de la chance, celle qu'on a coutume d'appeler "la bonne étoile". Alors, avec gourmandise et frivolité, Catherine la raconte, relate ce parcours semé d'embûches, ces années de galères, de dérives où, brinquebalée entre la France et la Belgique, elle affronte la guerre, les cabarets miteux, les souteneurs, l'absence des siens et surtout de sa grand-mère qu'elle adore, le père qu'elle a fui, l'auteur du mal à qui elle finira par accorder son pardon. Ces moments durs sont heureusement compensés par des événements inattendus, des grandes rencontres qui vont jalonner sa vie, de M. Victor à qui elle dédiera une chanson, d'une Chrysler mythique. La résilience est en marche.
Pour animer plus encore ce biopic théâtral, quelques grands succès de Barbara, habilement arrangés, viennent l'habiller musicalement. Le travail soigné des lumières et la mise en scène dépouillée mettent en valeur le texte, le jeu, la gestuelle de Catherine Pietri qui, longiligne et brune comme la chanteuse, a hérité de la même énergie, de la même fougue que celle qui a pourtant si bien (d)écrit "le mal de vivre". C'est un très joli moment de théâtre, pudique, émouvant, sensuel et surtout fidèle.
Dis, quand reviendras-tu ? Au moins le sais-tu ? Prolonge au moins...
Catherine Piétri incarne avec une justesse inouïe cette longue dame brune qui - on l'oublie trop souvent -, était infiniment joyeuse, quoi qu'il lui en coûtât ! À l'étoile de David, symbole de sa judéité, s'était sans doute adjointe celle de la chance, celle qu'on a coutume d'appeler "la bonne étoile". Alors, avec gourmandise et frivolité, Catherine la raconte, relate ce parcours semé d'embûches, ces années de galères, de dérives où, brinquebalée entre la France et la Belgique, elle affronte la guerre, les cabarets miteux, les souteneurs, l'absence des siens et surtout de sa grand-mère qu'elle adore, le père qu'elle a fui, l'auteur du mal à qui elle finira par accorder son pardon. Ces moments durs sont heureusement compensés par des événements inattendus, des grandes rencontres qui vont jalonner sa vie, de M. Victor à qui elle dédiera une chanson, d'une Chrysler mythique. La résilience est en marche.
Pour animer plus encore ce biopic théâtral, quelques grands succès de Barbara, habilement arrangés, viennent l'habiller musicalement. Le travail soigné des lumières et la mise en scène dépouillée mettent en valeur le texte, le jeu, la gestuelle de Catherine Pietri qui, longiligne et brune comme la chanteuse, a hérité de la même énergie, de la même fougue que celle qui a pourtant si bien (d)écrit "le mal de vivre". C'est un très joli moment de théâtre, pudique, émouvant, sensuel et surtout fidèle.
Dis, quand reviendras-tu ? Au moins le sais-tu ? Prolonge au moins...
Paru le 26/11/2024
(12 notes) STUDIO HÉBERTOT Jusqu'au lundi 20 janvier 2025
SEUL-E EN SCÈNE à partir de 11 ans. Une femme raconte son enfance, les rires, la guerre, l’inceste, le music-hall, Nantes… et "la folie de chanter" ! C’est Barbara. Barbara avant la poésie, avant les chansons, avant la gloire… Barbara avant Barbara. Un texte drôle et poignant qui donne de la force et nous engage à suivre nos rêves.
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