Article de Patrick Adler
Guten Tag, Madame Merkel !
À la Pépinière.
Libérée, délivrée... Après seize années à la tête de la première puissance économique Européenne et un retrait de la vie politique depuis 2021, l'iconique "Mutti" allemande renait sous les traits de Anna Fournier dans un seule-en-scène aussi décapant qu'instructif. Le récit est imaginaire mais résonne incroyablement chez le spectateur. On se délecte !
Elle fut et est encore une incontournable figure de l'Histoire de l'Allemagne. Elle, c'est Angela ou Mutti (Maman) pour les plus anciens, une fille - brillante - de l'Est passée à l'Ouest, qui finira par diriger les deux blocs, une fois la réunification actée. Elle, c'est l'anti-star qui se moque comme d'une guigne de son physique, lui préférant LA physique. Plus quantique que cantiques, elle raisonne en scientifique, avec ce pragmatisme tout protestant qui lui permettra à temps de s'émanciper de son mentor catholique (un certain Helmut Kohl qui fit, comme elle, quatre mandats mais termina embourbé dans des affaires...).
Elle, c'est la tortue de la fable de la Fontaine, qui prend son temps, même quand elle fait ses courses chez Aldi ou quand elle prépare sa soupe de pommes de terre, mais qui sait où elle va et ce qu'elle veut. Elle se présente sans calcul aucun comme une chancelière normale, un Ovni dans le paysage politique. Boudinée dans sa veste rouge qu'elle pose parfois sur sa chaise, Anna Fournier l'incarne avec une précision et un recul qui forcent l'admiration, d'autant qu'elle n'a pas les rotondités du personnage. Tout y est : les mains réunis en losange, la nonchalance mâtinée d'autorité - elle a fait plier la Grèce, ne l'oublions jamais -, l'ironie mordante (on savoure ses punchlines contre tous nos dirigeants Français et nos institutions), le jugement très fin sur le grand barnum politique.
"Guten Tag, Madame Merkel", c'est une page de l'histoire de l'Allemagne, de l'Europe, du monde qui défile sous nos yeux. En prenant l'accent - ce qui accentue le comique de la situation -, en y ajoutant des personnages truculents comme feu Otto von Bismarck et son casque à pointe ou la Directrice de communication, déjantée, fashion - donc, aux antipodes de la Chancelière - et savoureuse à souhait, Anna Fournier, aidée par la scénographie sobre de Camille Duchemin et le travail sur les lumières de Léo Garnier, nous offre une heure trente de bonheur ! Qui aurait pu penser que "la femme la plus puissante du monde" pendant seize ans, celle qu'on n'avait pas vu venir, pourrait être un sujet théâtral aussi puissant, aussi drôle, aussi réussi ! Vielen Dank, Mme Fournier !
Elle, c'est la tortue de la fable de la Fontaine, qui prend son temps, même quand elle fait ses courses chez Aldi ou quand elle prépare sa soupe de pommes de terre, mais qui sait où elle va et ce qu'elle veut. Elle se présente sans calcul aucun comme une chancelière normale, un Ovni dans le paysage politique. Boudinée dans sa veste rouge qu'elle pose parfois sur sa chaise, Anna Fournier l'incarne avec une précision et un recul qui forcent l'admiration, d'autant qu'elle n'a pas les rotondités du personnage. Tout y est : les mains réunis en losange, la nonchalance mâtinée d'autorité - elle a fait plier la Grèce, ne l'oublions jamais -, l'ironie mordante (on savoure ses punchlines contre tous nos dirigeants Français et nos institutions), le jugement très fin sur le grand barnum politique.
"Guten Tag, Madame Merkel", c'est une page de l'histoire de l'Allemagne, de l'Europe, du monde qui défile sous nos yeux. En prenant l'accent - ce qui accentue le comique de la situation -, en y ajoutant des personnages truculents comme feu Otto von Bismarck et son casque à pointe ou la Directrice de communication, déjantée, fashion - donc, aux antipodes de la Chancelière - et savoureuse à souhait, Anna Fournier, aidée par la scénographie sobre de Camille Duchemin et le travail sur les lumières de Léo Garnier, nous offre une heure trente de bonheur ! Qui aurait pu penser que "la femme la plus puissante du monde" pendant seize ans, celle qu'on n'avait pas vu venir, pourrait être un sujet théâtral aussi puissant, aussi drôle, aussi réussi ! Vielen Dank, Mme Fournier !
Paru le 02/10/2024
(18 notes) PÉPINIÈRE THÉÂTRE (LA) Jusqu'au samedi 4 janvier 2025
SEUL-E EN SCÈNE. Un seul en scène épique et satirique sur la vie d'Angela Merkel. C'est l'histoire de cette politicienne sans charisme, comme elle aime à se définir elle-même, devenue la femme la plus puissante du monde. Avec une dizaine d'autres personnages à ses côtés, de Bismarck à Vladimir Poutine en passant p...
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