Le chiffre 4 symbolise la réalisation concrète, l'ordre, la responsabilité. Philippe Lafeuille l'a bien compris, qui a su mettre en avant l'importance de la collaboration et de l'unité, comme dans les 4 éléments : l'air, le feu, l'eau et la terre. Gare à celui qui s'en écarte, les trois autres le rappelleront aussitôt à l'ordre sur scène, même si chaque séquence "solo" vaut le détour.
D'ailleurs, les quatre ont leur singularité : ils sont danseur (contemporain), danseur (hip-hop), comédien, jongleur et ont chacun droit à leur moment, à leur minute de gloire Warholienne. Mais hors de question de tourner la page. Dans A4, ils ne doivent former qu'un.
À l'instar de "Tutu", de "Carmen", Philippe Lafeuille nous offre dans ce nouvel opus des tableaux délicieusement léchés, avec des costumes divinement "Extravaganza" (tous signés Fanny Brouste). La bande-son (merci Antisten) et le travail précis sur les lumières signé Sébastien Lefèvre participent à la féérie. Il y a dans le geste et dans le texte de Lafeuille - car il les fait aussi parler, si, si ! - une précision d'horloger. C'est drôle, enlevé et conforme au chiffre. Même les intermèdes figurent toutes les déclinaisons : les quatre fers en l'air, aux quatre vents, le quatre-quart... la liste est longue et le temps parait si court dans cette séquence où même les "Quatre saisons" de Vivaldi, si riches en couleurs, si enlevées dans la chorégraphie tourbillonnent dans notre tête. Alors...

Que vous soyez adepte ou non du pas de quatre, pour peu que vous ayez ce bon goût d'aimer le chic et le choc, vous rirez à gorge déployée une heure... et quatre minutes durant. Il se dit même aux Lucioles que d'aucuns, pliés en quatre, ont fini à quatre pattes dans les travées du théâtre, donnant ainsi raison au dicton qui dit que "le bonheur est un chien qui traverse une quatre-voies". Alors, soyez heureux !


Aux Lucioles à 10h
10, Rempart St Lazare
84000 Avignon