Interview par Jeanne Hoffstetter
Mathilde Charbonneaux
“Madame M”, au théâtre de la Scala
Jacqueline Maillan réincarnée sur scène pour fêter le centenaire de sa naissance. Voilà le bel hommage que lui rend, à travers son premier seule en scène, la jeune comédienne.
Entre la classe libre du cours Florent, le Conservatoire National, la Cie le K avec laquelle vous travaillez, et Simon Falguières dont l'univers très particulier est orienté vers la troupe, nous sommes loin d'un Seule en scène dédié à cette figure légendaire disparue alors que vous étiez une toute petite fille ! D'où vient donc cette idée ?
Je dirais qu'elle vient du regard des autres qui durant mes études la projetaient sur moi. On me voyait toujours dans des rôles comiques plus que dans les jeunes premières, alors que mon idole à la base était plutôt Barbara ! C'est intéressant la projection que d'autres font de vous, ce qu'on dégage sans s'en rendre compte...
N'est-ce pas ce que l'on appelle la personnalité ?
Oui, voilà ! Une sorte d'essence je crois. Alors, elle est devenue pour moi une figure, j'ai commencé à regarder ses pièces, ses interviews, comme l'aurait fait une chercheuse et tout en me disant : comment est-ce que je peux faire théâtre de cette parole ? Comment fait-on siens les mots plus intimes des autres ? Et l'envie d'en faire un seule en scène m'est venue, c'est un genre de spectacle nouveau pour moi, dont la forme m'est apparue intéressante à l'endroit du jeu et du péril dans lequel se met l'acteur.
Racontez-nous le chemin qui vous a conduit de la conception à l'aboutissement de ce spectacle.
Je suis partie de l'idée de la faire revenir pour qu'elle célèbre son centenaire, nous retrace sa vie et que, pour la première fois, elle se joue elle-même. J'ai repris beaucoup de ses propos, tout en faisant quelques clins d'œil au Boulevard, et au Cabaret en pensant à Michel Emer, son mari, qui écrivait des chansons, et à elle-même qui disait que sa première école après le cours Simon avait été le Cabaret. Ce qui m'a intéressée aussi, c'est la manière dont on la voyait sur scène, comme un taureau lâché dans l'arène, alors que dans la vie elle était très pudique. Il y a vraiment un paradoxe entre ce qu'elle dégageait sur scène et ce qu'elle disait d'elle-même. J'ai beaucoup aimé travailler cela.
Le théâtre La Flèche a eu l'an passé la primeur de votre spectacle, comment avez-vous abordé ce baptême ?
J'avais peur que les gens qui ne la connaissent pas, c'est fréquent dans ma génération et chez les plus jeunes, ne soient pas touchés, mais ça n'a pas été le cas, ils étaient contents de la découvrir. Certains m'ont même dit avoir envie de regarder ses pièces, alors je suis heureuse de penser que j'ai rendu à Jacqueline Maillan l'hommage qu'elle mérite à travers un spectacle que j'ai voulu tendre et tourné vers la joie, avec de l'humour et un très léger fond de mélancolie en pensant à cette époque.
Un rêve embusqué pour la suite ?
J'aimerais bien jouer « Le retour au désert » que Bernard-Marie Koltès avait écrit pour elle !
Mis en scène par...
Patrice Chéreau reviendrait peut-être ?
Je dirais qu'elle vient du regard des autres qui durant mes études la projetaient sur moi. On me voyait toujours dans des rôles comiques plus que dans les jeunes premières, alors que mon idole à la base était plutôt Barbara ! C'est intéressant la projection que d'autres font de vous, ce qu'on dégage sans s'en rendre compte...
N'est-ce pas ce que l'on appelle la personnalité ?
Oui, voilà ! Une sorte d'essence je crois. Alors, elle est devenue pour moi une figure, j'ai commencé à regarder ses pièces, ses interviews, comme l'aurait fait une chercheuse et tout en me disant : comment est-ce que je peux faire théâtre de cette parole ? Comment fait-on siens les mots plus intimes des autres ? Et l'envie d'en faire un seule en scène m'est venue, c'est un genre de spectacle nouveau pour moi, dont la forme m'est apparue intéressante à l'endroit du jeu et du péril dans lequel se met l'acteur.
Racontez-nous le chemin qui vous a conduit de la conception à l'aboutissement de ce spectacle.
Je suis partie de l'idée de la faire revenir pour qu'elle célèbre son centenaire, nous retrace sa vie et que, pour la première fois, elle se joue elle-même. J'ai repris beaucoup de ses propos, tout en faisant quelques clins d'œil au Boulevard, et au Cabaret en pensant à Michel Emer, son mari, qui écrivait des chansons, et à elle-même qui disait que sa première école après le cours Simon avait été le Cabaret. Ce qui m'a intéressée aussi, c'est la manière dont on la voyait sur scène, comme un taureau lâché dans l'arène, alors que dans la vie elle était très pudique. Il y a vraiment un paradoxe entre ce qu'elle dégageait sur scène et ce qu'elle disait d'elle-même. J'ai beaucoup aimé travailler cela.
Le théâtre La Flèche a eu l'an passé la primeur de votre spectacle, comment avez-vous abordé ce baptême ?
J'avais peur que les gens qui ne la connaissent pas, c'est fréquent dans ma génération et chez les plus jeunes, ne soient pas touchés, mais ça n'a pas été le cas, ils étaient contents de la découvrir. Certains m'ont même dit avoir envie de regarder ses pièces, alors je suis heureuse de penser que j'ai rendu à Jacqueline Maillan l'hommage qu'elle mérite à travers un spectacle que j'ai voulu tendre et tourné vers la joie, avec de l'humour et un très léger fond de mélancolie en pensant à cette époque.
Un rêve embusqué pour la suite ?
J'aimerais bien jouer « Le retour au désert » que Bernard-Marie Koltès avait écrit pour elle !
Mis en scène par...
Patrice Chéreau reviendrait peut-être ?
Paru le 30/05/2024
(8 notes) LA SCALA PARIS Jusqu'au jeudi 26 décembre
SEUL-E EN SCÈNE. Jacqueline Maillan, la reine du théâtre de boulevard aurait eu 100 ans cette année. Invitée par une certaine Mathilde qui lui ressemble un peu, elle revient parmi nous le temps d'une soirée pour partager ses souvenirs de théâtre et de vie. Celle qui a fait rire des millions de spectateurs, que l'o...
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