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© Fabienne Rappeneau
Portrait par Jeanne Hoffstetter
Karina Marimon
“La Joconde parle enfin”, au Théâtre de l’Œuvre

On se bouscule au théâtre pour entendre ce que la Joconde a à nous dire. On rit beaucoup aussi, poussés par la plume et l'humour de Laurent Ruquier, par le talent et le grain de folie de Karina Marimon, par la mise en scène de Rodolphe Sand. Portrait d'une comédienne en Joconde.
Bien que son carnet de bal soit loin d'être vide, pour le dire de manière triviale, gageons que son nom va sortir de l'ombre dans laquelle il se trouve encore pour certains. En remontant le fil de l'aventure, Laurent Ruquier découvre en voyant « Big Mother », une comédienne (nommée aux Molière dans un second rôle), une personnalité à la veine comique et au sens de la rupture étonnants. Il sait qu'il tient là sa Joconde. L'entente sera parfaite et le travail se fera dans le plaisir et le respect de chacun. « Le texte était dense et Laurent a eu l'intelligence de me laisser choisir les passages qui m'offraient une vraie cohérence avec le personnage. ».

L'écoutant, je la revois dans le cadre, muette, tenant la pause et le sourire de longues minutes, plus vraie que nature, quand soudain, la révolte : elle sort, la voici qui marche, chante, raconte son calvaire, invective, se moque, évoque les siècles et les événements qu'elle a vu passer et ceux qui l'ont personnellement touchée. Née au début du XVIème siècle des pinceaux de Léonard de Vinci sans avoir attiré outre mesure le regard, il aura fallu qu'en 1911 le tableau soit volé, disparaisse pendant deux ans avant de revenir au Louvre, pour que la lumière l'éclabousse, pour que le monde entier vienne se poster devant elle, pour que l'on suppute ceci, découvre cela... Alors quoi ? N'était-elle pas dans l'ombre, déjà exceptionnelle ? Et si, me dis-je n'était-il pas si farfelu d'imaginer un lien entre la Joconde et la comédienne ?


Je souhaite à toute comédienne de tomber un jour entre les mains de Rodolphe Sand et de Laurent Ruquier


« Mais bien sûr ! Si un lien peut exister, c'est celui-ci : la Joconde avait tout pour être une grande dès le départ, mais elle le devient parce que brutalement la lumière a été mise sur elle. Elle se dit qu'assise pendant 520 ans dans l'ombre à en baver, il est normal qu'elle soit devenue la femme la plus célèbre du monde. Moi, sans fausse modestie, je n'en ai pas bavé mais j'ai bossé pendant trente ans, et ce qui se passe depuis quelques années, c'est le fruit de tout un travail. Cette reconnaissance du public et de mes pairs je la savoure mais je l'accueille avec humilité. Je peux aussi faire le parallèle avec des camarades, des acteurs et actrices sublimes au théâtre, qui ont fait le même chemin et que le public ne connaîtra jamais parce qu'on ne met pas la lumière sur eux. Quand un acteur travaille, on ne le regarde plus de la même manière, le désir qu'il suscite change le regard du public et de l'entourage, alors que lui est toujours le même. Voilà je pense, le parallèle qu'on peut faire entre cette Joconde et une actrice. Maintenant, vraiment, je souhaite à toute comédienne de tomber un jour entre les mains de Rodolphe Sand et de Laurent Ruquier, qui n'a aucun ego mal placé, et fait à l'instinct confiance à sa comédienne. Pour moi, c'est un bonheur ! »
Paru le 18/05/2024

(48 notes)
JOCONDE PARLE ENFIN (LA)
THÉÂTRE DE L'ŒUVRE
Du mercredi 14 février au samedi 1 juin 2024

SEUL-E EN SCÈNE. Laurent Ruquier donne enfin la parole à cette star internationale à qui personne n'a jamais demandé son avis. Vous la connaissez dans La petite histoire de France ou l'avez vue récemment au théâtre dans Big Mother. Karina Marimon interprète La Joconde.

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