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© Alexia Vic
Portrait par Jeanne Hoffstetter
Florence Pernel
"Le Huitième ciel" au théâtre La Bruyère

A l'affiche de la nouvelle pièce de Jean-Philippe Daguerre, Florence Pernel rayonne et porte haut un rôle qui l'enchante. Occasion pour nous de revenir avec elle sur un parcours peu banal.
Attentive, vive, ravissante, d'elle-même elle parle simplement avec sincérité et on l'écoute avec plaisir. Excellente comédienne gâtée par les réalisateurs autant que par les metteurs en scène, le public, les critiques l'aiment et ce n'est pas un vain mot. Elle a su, au cours de sa vie, réfléchir, se remettre en question, prendre des décisions importantes et voue à Dominique Besnehard, qu'elle appelle « sa fée Clochette », une reconnaissance éternelle pour avoir su la remettre sur les rails de la profession, après qu'elle eut tourné le dos au monde du spectacle, qu'elle soit devenue brocanteuse, qu'elle eut couru le monde et appris plusieurs langues.

Ce que j'aime dans le théâtre de Jean-Philippe Daguerre, c'est que c'est celui de la seconde chance

Dans cette pièce non dépourvue d'humour, la voici Agnès Duval, architecte bâtisseuse de buildings. Vingt-sept, dans vingt-sept pays d'Europe, une réussite exceptionnelle dans un monde d'hommes, récompensée par la légion d'honneur. Mais le temps est désormais venu de laisser sa place aux jeunes, de profiter de sa famille et de sa fortune, peut-être... Agnès face à la retraite, au bilan peu glorieux de sa vie personnelle, c'est Agnès qui, n'ayant rien donné à ses proches dont elle ignore les aspirations, les sentiments, s'apprête à ne rien recevoir. Jusqu'au jour où... « Ce rôle est un cadeau pour une comédienne. Il nous montre une femme égocentrée qui a tout réussi professionnellement, épaulée par un mari (Bernard Malaka, un grand comédien que j'admire profondément), qui s'est mis dans l'ombre pour lui laisser toute la lumière. A la veille de la retraite, vulnérable, le hasard va la sauver en lui permettant de découvrir qu'elle est capable de s'ouvrir à autre chose qu'à elle-même. Ce que j'aime dans le théâtre de Jean-Philippe Daguerre, qui m'offre ici le plaisir fou que j'ai à retrouver chaque soir mes partenaires, c'est que c'est celui de la seconde chance. Il nous montre que nos actes ont des conséquences non seulement sur notre vie, mais aussi sur notre entourage, qu'une vie qui semble tracée peut nous conduire sur d'autres chemins. Ce qui a résonné là dans mon parcours personnel, c'est que lorsque l'on a tout réussi, on se demande si au fond on n'a pas raté quelque chose. À savoir chez Agnès, l'affectif. Je pense qu'elle et moi nous ressemblons, disons que j'ai mis beaucoup de moi dans ce personnage excessif, perfectionniste, jusqu'au-boutiste qui s'engage corps et âme dans le nouveau sens qu'il donne à sa vie, auprès d'un couple de réfugiés. C'est plus fort qu'elle, ça la dépasse, rien ne peut l'arrêter, quitte à entraîner dangereusement son entourage. »

Prendre clairement le parti des bons sentiments, est-ce à dire que l'on croit à ce point en la bonté de l'homme ?
Non, mais je crois qu'il en est capable. La quête de sens est une question que l'on doit se poser. Quant aux bons sentiments, ils font du bien et sont une bonne base pour réfléchir, ce que permet aussi le théâtre. C'est une pièce qui ne s'efface pas après qu'on l'ait vue !
Paru le 16/11/2023

(89 notes)
HUITIÈME CIEL (LE)
THÉÂTRE LA BRUYÈRE
Du mardi 12 septembre au dimanche 19 novembre 2023

COMÉDIE DRAMATIQUE. Agnès Duval pense avoir atteint tous les sommets du haut des 27 gratte-ciels qu'elle a construit dans 27 pays d'Europe. Mais c'est en descendant de ses tours qu'elle va découvrir que la vie peut réserver de drôles de surprises jusqu'à vous emmener au Huitième Ciel...

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