Voici une pièce chorale - il sont dix sur scène - ou, comme sur un échiquier, le Roi (ici l'évêque Jean Bilodeau incarné par Elie Boissiere) est mis en difficulté par tous les pions du jeu, qu'ils soient cavaliers ou simples fous. Le but avoué étant de retranscrire de visu par le jeu théâtral des prisonniers une injustice subie devant l'unique accusé. La pièce est noire, le jeu emprunte à la tragédie grecque, la violence carcérale et la noirceur du lieu, à peine éclairé, ajoutent à l'atmosphère glauque de prisonniers moribonds qui croupissent en attendant de jouer. Seul le jeu affecté de celui qui joue le metteur en scène dans la pièce (merveilleux Geoffroy Mathieu) et quelques autres coquetteries très « drama-queen » d'autres feluettes offrent une respiration et un sourire à ce drame intime traité avec crudité.

L'amour de Simon et Vallier troublé par la jalousie de Bilodeau, manière de « Roméo et Juliette » au masculin est puissant d'humanité et de désespérance. Tout y est : la fragilité et la violence des protagonistes, leur soif de justice et de liberté. Un drame humain bouleversant et beau qui, par l'écriture et la direction d'acteurs porte la patte de Bouchard. Une patte reconnaissable entre toutes. Une merveille !

Jusqu'au 29 Juillet à 14h10
A l'Atelier 44
44, rue Thiers
84000. Avignon