Elle n'est pas le Arias de la Bruyère ; Elle, elle a vraiment tout lu, tout connu...de Molière. Elle a même écrit sur lui et, en bonne prof qui se respecte, elle n'aime rien tant que transmettre et surtout corriger nombre d'inepties - on dirait aujourd'hui « fake news » - divulguées depuis des décennies. Elle, c'est aussi et surtout une diction parfaite, un sourire étincelant, un œil rieur et une maestria dans le discours...le silence est d'or chez Dame Lorre. Nous sommes pendus à ses lèvres et elle aime la rigueur, l'attention soutenue de ses élèves d'un soir. Il faut dire qu'elle est passionnante, notre conférencière. Elle nous narre par le menu mille anecdotes, réveille nos souvenirs, notre curiosité. Qui se souvient encore qu'on le surnommait Le Peintre, qu'il a pris son pseudonyme à 22 ans seulement, qu'il n'est pas mort sur scène mais chez lui ? Qui se souvient du ridicule Montfleury, du Paris sale de Molière, qu'on ne musardait pas dans les rues comme aujourd'hui, qui se souvient encore des chaises à porteurs ... ?
Emmanuelle Lorre nous fait entrer de plain-pied dans cette époque, notre imaginaire est comblé, d'autant qu'elle se sert de supports modernes, images d'archives, vidéos.
C'est instructif, élégant, documenté, joliment mis en scène (merci, Benjamin Vergnes), plaisant de bout en bout. Elle parle sans notes, manie la langue de son Maître comme nulle autre et moque gentiment l'écriture inclusive et autres novlangues qui sont autant de pollutions. Elle est sans doute un brin « classique » mais au moins, elle connait les siens.

Jusqu'au 29 Juillet à 18h25
Au Théâtre de L'Optimist
50, rue Guillaume Puy
84000. Avignon