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D.R.
Interview par Philippe Escalier
Hélène Zidi
Gazon maudit

Après avoir adapté il y a une quinzaine d'années « Tenue de soirée » de Bertrand Blier, Hélène Zidi nous propose aujourd'hui son adaptation et sa mise en scène d'un autre film culte, «Gazon maudit » de Josiane Balasko, actuellement à l'affiche du théâtre Les Enfants du Paradis.
Hélène, pourquoi adapter «Gazon maudit » aujourd'hui ?
Après le Covid et pendant cette période d'angoisse permanente qui caractérise le monde dans lequel nous vivons, j'ai pensé que ce film qui m'avait fait tellement rire, qui était totalement irrévérencieux, une des seules comédies françaises nommées aux Oscars, était idéal pour parler d'amour, de tolérance et de la liberté de la femme. En filigrane, je voulais aussi aborder le manque qui n'est jamais loin quand on aborde les sentiments. Le défi était de pouvoir présenter ce spectacle sans que surgissent ces polémiques en tous genres qui caractérisent notre époque. Je crois avoir réussi à faire en sorte que chacun puisse rire de ses propres défauts, en réunissant tout le monde avec de l'humour, de la légèreté et en disant que finalement ce qui compte c'est l'amour ! J'ai vécu cette insouciance à travers mes parents. Aujourd'hui tout est grave, terrifiant, tout le monde est jugé, catalogué. S'il y a eu des avancées, on vit aussi des régressions inquiétantes sur l'avortement, avec l'homophobie. À ma manière j'ai voulu en sortir, montrer comment sa liberté n'empiétait nullement sur celle des autres et surtout faire rire.

Avez-vous rencontré des difficultés pour cette adaptation ?
Non, pas vraiment. Bercée par le cinéma depuis toujours et animée par les planches depuis ma tendre adolescence, conjuguer ces deux passions est pour moi une évidence. Mon œil est habitué à cette forme et je vois tout de suite ce qu'il y a à faire pour adapter sous une forme théâtrale. C'est toujours beaucoup de travail mais c'est aussi un exercice terriblement ludique !

Vous avez fondée une école en 2001, le Laboratoire de l'acteur, c'est là que vous avez fait votre casting j'imagine ?
Oui, avec le Laboratoire, je fais une audition de fin d'année avec des acteurs prêts à jouer car c'est ce que demandent les professionnels. J'avais monté une scène de « Gazon maudit » qui était réussie. C'est le moment où ma fille m'a poussé à concrétiser le projet de cette pièce. J'ai relevé le défi de le faire avec mes acteurs sortis de cette promotion, étant beaucoup dans la transmission et très motivée par l'envie de faire connaitre de jeunes talents. Par exemple, au sortir du Laboratoire, c'est moi qui ai fait travailler Tahar Rahim dans « Libres sont les papillons » qui a si bien marché, juste avant qu'il ne parte tourner avec Jacques Audiard.

Vous verra-t-on sur les planches dans les mois à venir ?
Je reviens sur scène avec un auteur incroyable que j'ai découvert, Jean-Pierre Brouillaud et une magnifique histoire de fratrie que je vais jouer avec Benjamin Carette à Avignon et que nous roderons probablement entre mars et avril 2023 au théâtre du Roi René Paris.
Paru le 02/12/2022