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© Bernard Richebé
Dossier par Philippe Escalier
Berlin Berlin

« Berlin Berlin » une comédie co-écrite avec Gerald Sibleyras, qu'il interprète avec Lysiane Meis, Loïc Legendre, Guilhem Pellegrin, Claude Guyonnet, Gino Lazzerini, Marie Lanchas et Maxime d'Aboville.

Patrick Haudecœur

Le sujet que vous avez choisi, l'Allemagne de l'Est, pourrait surprendre !
Pour les artistes, la guerre peut-être source de comédie, les exemples sont nombreux. Comme pour « To be or not to be » de Lubitsch on a fait un vaudeville à partir d'années sombres. Pourquoi cette période ? Gérald Sibleyras, avec ses parents, allait voir son oncle et sa tante à Berlin-Est qui eux, n'avaient pas le droit de passer. Il s'est toujours dit qu'il était possible de faire quelque chose de cette situation à la fois triste et aberrante.

Il s'agit de votre deuxième collaboration avec Gérald Sibleyras !
En effet. Il se trouve que tous les deux, nous nous ennuyions un peu à écrire seuls. Quand nous nous sommes rencontrés, nous avons pressenti qu'une collaboration pouvait nous permettre de sortir d'une forme de routine. Nous avons donc tenté l'expérience et comme ça fonctionne plutôt bien, (« Silence on tourne » s'est joué pendant trois ans au Théâtre Fontaine) nous avons décidé de continuer. De fait, maintenant, l'écriture ne devient plus source d'angoisse : on peut s'appuyer l'un sur l'autre d'autant que nos styles sont différents mais complémentaires. Et ce que je veux souligner, c'est que nous écrivons à la même table, c'est un vrai quatre mains.

Votre personnage est un parfait anti-héros, très trouillard donc très drôle !
C'est un peu récurrent chez moi : j'aime bien affiner ce clown et ses aspects un peu lunaire, maladroit et naïf qui ressortent mais il a tout de même quelques atouts dans son jeu. Ce qui oblige à nuancer un peu : à mon avis il est quasi dans la norme. Ce sont les autres (une petite minorité) qui sont exceptionnels comme sa femme, plus véhémente et courageuse. Son défaut est un peu appuyé certes mais à bien y regarder il arrive quand même à dénouer des choses : il parvient à faire croire qu'il est agent secret et violoniste.

Vous avez laissé la mise en scène à José Paul qui a rendu la pièce très dynamique, presque cinématographique, avec beaucoup d'idées.
Vous savez, j'avais envie de me renouveler, d'aller chercher ailleurs pour relancer la machine créative et je connaissais José Paul comme comédien. Cela m'a permis d'être «seulement» auteur et acteur et de me reposer sur José qui héritait de tous les problèmes (rires) !

Marie Lanchas

Quand Marie Lanchas arrive sur Paris en 2010, elle entend parler de recrutement au sein de « La Troupe à Palmade ». Alors que la priorité est donnée à la cooptation, elle écrit à l'assistant de Pierre Palmade pour passer un casting qui va déboucher sur quelques belles années d'aventures et une douzaine de créations, lui ouvrant une belle fenêtre sur le mode du théâtre. C'est d'ailleurs là que Patrick Haudecœur et José Paul la voit jouer et pensent à elle pour interpréter Birgit dans « Berlin Berlin » qui lui vaut une nomination aux Molières 2022. Elle décroche ce rôle de femme « dont on se priverait aisément de la compagnie mais à jouer, c'est terriblement jouissif. Il faut donner corps à ce personnage étonnant en évitant le danger de faire trop ton sur ton. Difficile en même temps d'échapper à son caractère terrible qu'il faut adoucir par moment pour éviter qu'elle ne soit qu'une brute épaisse, même si elle en reste une » précise-t-elle.

Lorsqu'on lui fait observer que son parcours est particulièrement riche, la comédienne reconnait volontiers qu'elle est un peu boulimique. Cela demande de l'organisation mais dit-elle, « ce sont des rythmes dans lesquels on est plongés et qui ont un effet moteur. Mais c'est de la passion, donc c'est essentiel et on ne se pose plus de questions ». Après quelques séries pour France TV et Canal+, du cinéma avec Franck Dubosc et Éric Judor, une série pour M6 en attente de diffusion «Nos Meilleures années», elle était en tournée avec « Dommages » mis en scène par Michel Super qui est «un super spectacle de filles avec des comédiennes magnifiques» mais qu'elle a mis en pause pour jouer au Fontaine. Dans la lignée, sa rentrée va être trépidante, avec notamment une résidence pour une pièce adaptée par Céline Jorrion. Et toujours son rôle décoiffant dans « Berlin Berlin », pour plusieurs mois encore à Paris avant de partir pour une tournée de 45 dates.

Maxime d'Aboville

Le deuxième Molière que Maxime d'Aboville vient de décrocher pour son rôle dans « Berlin Berlin » couronne un parcours marqué par l'excellence.

Vous voir dans une comédie et un rôle aussi loufoque a été une surprise !
Ces dernières années, j'ai fait peu de comédies en effet, si l'on excepte «Les Jumeaux Vénitiens». Mais avant d'en faire mon métier, en théâtre amateur c'est un registre que j'ai pratiqué. J'ai remarqué que les gens étaient surpris quand on en changeait et pourtant, pour moi, il n'y a pas de différence, sinon que dans la comédie, le public rit et l'on sent davantage sa présence ce qui a pour résultat de nous « doper ».

Vous jouez un rôle de salaud, ce qui, dans une comédie, doit être délicieux ?
Oui, et en particulier celui-là qui n'est ni intelligent ni machiavélique. Il est bête mais avec un certain charisme, il peut faire illusion, avec un statut social qui cache la misère. Et puis il est fou amoureux. Tout cela donne un cocktail savoureux que l'on rencontre peu souvent au théâtre. C'est jubilatoire à jouer !

Vous avez fait trois spectacles sur l'Histoire de France, n'était-ce pas un défi quand on connait les lacunes que beaucoup peuvent avoir dans ce domaine ?
Vous savez, c'était aussi mon cas au départ. Je n'y connaissais rien du tout. J'ai joué deux rôles historiques, dans « Henri IV » avec Jean-François Balmer et « La Conversation » de Jean d'Ormesson où j'incarnais Bonaparte. Etant consciencieux, je me suis documenté et j'ai décidé de lire, notamment Michelet que l'on venait de rééditer. J'y ai trouvé une langue magnifique mais aussi quelque chose à faire de très théâtral. Je suis parti du Moyen-Âge jusqu'à La Révolution et je ferai peut-être Napoléon. Pour moi, c'était une récréation bienfaisante !

En même temps que les débuts de « Berlin Berlin » vous avez joué « Huis clos » à L'Atelier. Êtes-vous un stakhanoviste des planches ?
Il faut reconnaitre que ces derniers mois ont été un peu fatigants d'autant que juste avant, j'ai joué « La Révolution » au Poche Montparnasse et un « Dom Juan » au Cado à Orléans puis en tournée tout en répétant «Berlin». Ce sont les circonstances : après le Covid tout est tombé en même temps et je ne pouvais pas refuser. Alors je reconnais que les vacances étaient attendues avec une certaine impatience.
Paru le 15/12/2023

(112 notes)
BERLIN BERLIN - Fontaine
THÉÂTRE FONTAINE
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