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© Christian Geisselmann
Portrait par Jeanne Hoffstetter
Pierre Deladonchamps
portrait d’un comédien trop rare au théâtre

En 2009, il jouait dans une pièce déjantée et très drôle de Tom Stoppard, adaptée et mise en scène par Jean-Luc Revol, «L'Inspecteur Whaff». Treize ans plus tard, à l'heure où nous nous parlons, il répète aux côtés d'Isabelle Carré la nouvelle pièce de Laurent Seksik, assisté d'Antoine Mory, «Les Amants de la commune», mise en scène par Géraldine Martineau.
1871. A Paris débute la Commune qui s'achèvera dans un bain de sang. Le comédien incarne un soldat Versaillais, Isabelle Carré une Communarde. Ils s'aiment mais tout les sépare et chacun finira par rejoindre son camp. Le projet était alléchant mais était-ce suffisant pour convaincre Pierre Deladonchamps de retrouver la scène après une si longue absence ? « Il a fallu une concordance de dates pour me permettre de le faire. J'ai voulu bien souvent répondre à des propositions, mais mon emploi du temps ne me le permettait pas. » Et pour cause, le cinéma et la télévision lui font la fête et ne le lâchent plus. Il vit à Nancy, sa ville natale, où il élève ses deux enfants qu'il veut le moins possible priver de sa présence. « Alors, c'est difficile pour moi de faire en même temps du cinéma et du théâtre. Mais là, toutes les planètes se sont bien alignées, et j'étais ravi du texte qu'on me proposait ainsi que de la partenaire en or qu'est Isabelle Carré. »

J'ai la chance qu'on me propose de très beaux projets et d'avoir un bon agent avec qui je construis un parcours solide et cohérent


Après un bac littéraire et trois ans d'études supérieures, que faire ? « Travailler dans la communication ? A l'international ? Je n'avais pas beaucoup d'idées, je voulais découvrir le monde, voyager... Je ne savais pas quoi faire de ma vie, en fait. Je n'avais ni rêves particuliers, ni ambition jusqu'au jour où, vers la fin de mes études, un ami inscrit dans le même petit club de théâtre que moi, m'a proposé d'être sa réplique devant un jury, et on a été pris tous les deux ! J'avais découvert ce qu'était le théâtre. Il le fallait, mais l'idée de m'installer à Paris, me faisait un peu peur. Là, j'ai commencé les cours Florent et j'ai eu l'impression que l'on me faisait un cadeau, comme si... j'avais rêvé de loin, que le rêve s'était rapproché. Peu à peu, je me suis ouvert au champ des possibles, et aujourd'hui pour des raisons différentes, j'aime autant le cinéma que le théâtre. Mais le fait de vivre en province et d'élever mes enfants exigeait de moi une logistique compliquée. Maintenant qu'ils ont 11 et 3 ans c'est plus facile ; on peut se parler, expliquer l'absence et garder le contact. J'ai la chance qu'on me propose de très beaux projets et d'avoir un bon agent avec qui je construis un parcours solide et cohérent. Et puis, en ce moment, je prends mon temps pour écrire mon premier long métrage dont le thème sera la famille. » Aujourd'hui « le jeune garçon plein d'énergie qui ne tenait pas en place et ne se plaisait qu'en la compagnie des autres, le turbulent gentil », si proche de son ainé de trois ans, aveugle, dont la disparition à l'âge de 26 ans, lui a causé un immense chagrin, l'homme soucieux des difficultés qu'il y a à mettre en place une écologie politique intelligente, sans discours culpabilisateurs, aujourd'hui, Pierre Deladonchamps est plus que jamais un homme comblé.
Paru le 26/05/2022