Aucun scénariste de films, fut-il le plus génial, n'aurait pu imaginer vie plus passionnante que celle de Léonard De Vinci. Ses années d'enfance déjà ont beaucoup à nous dire sur son intérêt pour la nature et les animaux, sa passion pour le dessin, sa volonté de comprendre le fonctionnement du corps humain, ses innombrables inventions qu'il couche sur le papier.
Magie du spectacle, le voici face à nous, il a neuf ans, écartelé entre une mère douce mais tenue à l'écart et un père dur, notable qui s'accommode mal de cet enfant illégitime. Le grand-père affectueux, qui comprend sa précocité et aide à l'épanouissement de ses multiples talents, sera pour lui un véritable rempart affectif.

Pour réussir ce spectacle, il fallait d'abord une mise en scène sobre mais très inventive capable de nous faire revivre ces souvenirs de la façon la plus imagée et la plus légère possible. Avec un immense carnet ouvert venu doubler la scène, tenant lieu d'écran, et quelques mannequins de bois chargés d'incarner les autres personnages, le décor est planté. Vivant, suggestif et poétique, il est d'une efficacité redoutable. « À la lecture, j'ai tout de suite eu en tête quelques idées importantes. Le carnet devait avoir une place majeure. J'ai souhaité qu'il soit de très grande taille, ayant toujours aimé travailler sur les écarts d'échelle. Les mannequins de bois évoquent d'emblée le travail du peintre et servent de support au regard de l'acteur. Par ailleurs, je me suis plongé dans les dessins de l'artiste : cette grande page qui s'ouvre au début du spectacle me donnait la possibilité d'accéder à une partie de l'œuvre un peu moins connue de Léonard, faisant apparaitre de nombreux points de connexion avec le récit. Cela a généré un travail de construction vidéo passionnant » précise le metteur en scène Stéphane Cottin. S'épanouissant dans ce bel écrin, Grégory Gerreboo donne vie à l'enfant avec une sensibilité troublante. Il confie « Je suis dans une multitude de sensations, dont le plaisir immense de raconter une belle histoire, comme un récit mythique » avant d'ajouter « Les mannequins sur scène sont des partenaires qui permettent de faire vivre l'imaginaire du spectateur. Mais cela a été beaucoup de travail pour les adapter et les faire agir tel qu'ils le font sur scène. Je les ai apprivoisés et je pense qu'ils m'ont apprivoisé aussi ! ». Son interprétation sans défaut ne nous toucherait pas autant si Grégory Gerreboo n'avait su faire sienne la formidable capacité d'empathie de Léonard, fort bien décrite par Brigitte Kernel, lui permettant de comprendre le monde et ses mystères, l'une des ses qualités qui, tout de suite, étonnera Andrea del Verrocchio au moment de le prendre sous son aile. Génie fascinant, artiste chez lequel la légende et la réalité se confondent, Léonard de Vinci, cinq siècles après sa mort, continue de fasciner le monde. Le public du Studio Hébertot sera gré à l'équipe ayant créé « Léonard de Vinci, naissance d'un génie » de nous avoir fait partager, avec autant de plaisir, un peu de ce destin exceptionnel.