Interview par Philippe Escalier
Laurencine Lot
Les comédiens magnifiés
Passionnée de théâtre, Laurencine Lot
s'est consacrée, depuis trente ans, à la photographie et aux comédiens. Son regard exigeant, sa culture et son talent lui ont permis de nous offrir portraits
et photos de scène d'une intensité à nulle autre pareille. À l'occasion de la publication de son troisième ouvrage, elle nous parle de son métier et de ces "Monstres sacrés, sacrés comédiens"*.
s'est consacrée, depuis trente ans, à la photographie et aux comédiens. Son regard exigeant, sa culture et son talent lui ont permis de nous offrir portraits
et photos de scène d'une intensité à nulle autre pareille. À l'occasion de la publication de son troisième ouvrage, elle nous parle de son métier et de ces "Monstres sacrés, sacrés comédiens"*.
Comment êtes-vous arrivée à la photographie ?
Après des études de lettres, j'ai commencé une profession de traductrice, scientifique de surcroît ! Le passage à la photo s'est effectué grâce à ma mère. Nous avons été enthousiasmées par Godspell, qui se jouait en 1972 à la Porte Saint-Martin. Cette comédie musicale, basée sur l'Évangile selon saint Matthieu, où le cirque se mêlait à la poésie, était jouée par dix clowns, dont Daniel Auteuil, Dave, Nicolle Vassel et Armande Altaï. Je suis allée voir ce spectacle près de quatre-vingts fois et suis devenue la groupie de la troupe. Alors qu'elle n'était pas plus photographe que moi à l'époque, ma mère a obtenu l'autorisation de photographier le spectacle. Pour cela, elle a transformé notre salle de bains en chambre noire ! Pour ma part, je livrais les tirages aux comédiens dans les loges. Un jour, je me suis risquée à prendre mes propres photos. Peu après, j'ai retrouvé Daniel Auteuil au Poche, où il jouait avec Dominique Blanchar avec qui j'ai sympathisé. Chaque rencontre en a appelé une autre. Le grand virage s'est produit lorsque j'ai été engagée par Jorge Lavelli au Théâtre national de la Colline où j'ai travaillé fidèlement
pendant dix ans.
Votre livre n'est pas un dictionnaire ?
Pas du tout ! Le titre initial était Les Monstres sacrés et j'ai demandé à ce qu'il évolue avec l'ajout de sacrés comédiens, car je voulais introduire aux côtés d'Isabelle Adjani, Juliette Binoche ou Claude Brasseur, des comédiens exceptionnels, moins médiatisés comme Jacques Mauclair, Étienne Bierry ou Christiane Cohendy. Sur les milliers de photographies de théâtre que j'ai prises en trente ans, j'ai fait un choix qui traduit mes affinités et mes préférences. Le livre présente 400 photos de comédiens en scène, et pourtant, il est loin d'être exhaustif.
Une fois réalisées, à qui vos photos sont-elles vendues ?
La question est importante, car ne pas vendre mes photos c'est ne plus pouvoir exercer mon métier. Les acheteurs sont, essentiellement, les théâtres. Mais malheureusement, certains magazines réduisent de plus en plus la surface des visuels dans les rubriques culturelles.
Certaines de vos photos ont-elles connu une destinée spéciale ?
Oui, bien sûr, quand elles font l'affiche d'un spectacle, et plus encore, lorsqu'elles peuvent être ainsi réunies dans un "beau livre" sous la gouverne d'un éditeur belge, Michel de Paepe, qui partage mon enthousiasme et mon amour du théâtre. Ce sont les coups de chance du métier !
* "Monstres sacrés, sacrés comédiens", publié aux Éditions La Renaissance du livre.
Après des études de lettres, j'ai commencé une profession de traductrice, scientifique de surcroît ! Le passage à la photo s'est effectué grâce à ma mère. Nous avons été enthousiasmées par Godspell, qui se jouait en 1972 à la Porte Saint-Martin. Cette comédie musicale, basée sur l'Évangile selon saint Matthieu, où le cirque se mêlait à la poésie, était jouée par dix clowns, dont Daniel Auteuil, Dave, Nicolle Vassel et Armande Altaï. Je suis allée voir ce spectacle près de quatre-vingts fois et suis devenue la groupie de la troupe. Alors qu'elle n'était pas plus photographe que moi à l'époque, ma mère a obtenu l'autorisation de photographier le spectacle. Pour cela, elle a transformé notre salle de bains en chambre noire ! Pour ma part, je livrais les tirages aux comédiens dans les loges. Un jour, je me suis risquée à prendre mes propres photos. Peu après, j'ai retrouvé Daniel Auteuil au Poche, où il jouait avec Dominique Blanchar avec qui j'ai sympathisé. Chaque rencontre en a appelé une autre. Le grand virage s'est produit lorsque j'ai été engagée par Jorge Lavelli au Théâtre national de la Colline où j'ai travaillé fidèlement
pendant dix ans.
Votre livre n'est pas un dictionnaire ?
Pas du tout ! Le titre initial était Les Monstres sacrés et j'ai demandé à ce qu'il évolue avec l'ajout de sacrés comédiens, car je voulais introduire aux côtés d'Isabelle Adjani, Juliette Binoche ou Claude Brasseur, des comédiens exceptionnels, moins médiatisés comme Jacques Mauclair, Étienne Bierry ou Christiane Cohendy. Sur les milliers de photographies de théâtre que j'ai prises en trente ans, j'ai fait un choix qui traduit mes affinités et mes préférences. Le livre présente 400 photos de comédiens en scène, et pourtant, il est loin d'être exhaustif.
Une fois réalisées, à qui vos photos sont-elles vendues ?
La question est importante, car ne pas vendre mes photos c'est ne plus pouvoir exercer mon métier. Les acheteurs sont, essentiellement, les théâtres. Mais malheureusement, certains magazines réduisent de plus en plus la surface des visuels dans les rubriques culturelles.
Certaines de vos photos ont-elles connu une destinée spéciale ?
Oui, bien sûr, quand elles font l'affiche d'un spectacle, et plus encore, lorsqu'elles peuvent être ainsi réunies dans un "beau livre" sous la gouverne d'un éditeur belge, Michel de Paepe, qui partage mon enthousiasme et mon amour du théâtre. Ce sont les coups de chance du métier !
* "Monstres sacrés, sacrés comédiens", publié aux Éditions La Renaissance du livre.
Paru le 29/06/2004