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D.R.
Interview par Philippe Escalier
Corinne Touzet
avec Raphaëline Goupilleau dans « Juste une embellie »

Deux remarquables comédiennes, Corinne Touzet et Raphaëline Goupilleau sont à l'affiche de "Juste une embellie", pièce du britannique David Hare, mise en scène par Christophe Lidon au Lucernaire jusqu'au 17 octobre 2021.
Comment s'est fait le choix de cette pièce de David Hare ?
Christophe Lidon me l'a envoyée il y a quelques années. Il a toujours eu envie de la monter depuis sa création à Londres avec Maggie Smith et Judi Dench au Royal Theater en 2002. Je n'en avais jamais entendue parler et quand je l'ai lue, il y a quelques années, j'étais sur d'autres projets. Je l'ai vraiment découverte après la nouvelle version de Michael Stampe.
La pièce a été écrite en 2001 par l'un des plus grands scénaristes d'Hollywood, on lui doit notamment « The Hours », «Plenty ». « Juste une embellie » nous fait sortir du cadre assez habituel du discours homme-femme : nous assistons à un dialogue, parfois violent, intelligent, drôle aussi, entre celle qui est restée au foyer et sa rivale, indépendante et féministe. Ce sont deux fortes personnalités qui ne vont pas lâcher l'affaire. Cette confrontation va leur permettre d'en apprendre beaucoup l'une sur l'autre. Je dois avouer que la qualité de l'écriture de David Hare, sa façon de laisser des choses en suspens pour laisser du champ libre au spectateur, son ironie féroce rappelant Pinter ou Beckett, cela m'a donné envie de faire ce spectacle et plus encore, de lire ses autres pièces.

Vous connaissiez Raphaëline Goupilleau ?
Raphaëline Goupilleau est une amie de trente ans, une femme que j'adore, actrice surdouée qui me fait énormément rire. En 2019, j'étais en création au festival d'Avignon à La Luna, avec un spectacle mis en scène par Johanna Boyé. Le premier jour, celui où l'on fait une fausse générale, je croise Raphaëline, dans le noir, qui jouait le spectacle précédant le notre. Je lui ai tout de suite parlé de la pièce, sachant que Christophe Lidon adorerait notre duo. Nous sommes folles de joie de nous retrouver, qui plus est en jouant deux femmes rivales, qui se rencontrent après avoir aimé le même homme.

La pièce vient de se jouer à Avignon. Quand êtes-vous devenue une habituée du festival ?
C'était en 2001, avec « Une Journée particulière » au Chêne Noir, ma première création en tant qu'entrepreneur de spectacles mais aussi le début de ma collaboration et de mon amitié avec Christophe Lidon suivie après par «Un Nouveau départ» d'Antoine Rault créé durant le festival 2015.

Pour revenir à l'ensemble de votre carrière, la télé ne vous a t-elle pas empêché de faire plus de cinéma ?
J'ai passée ma vie sur les plateaux télé. J'ai démarré à vingt et un an et j'ai arrêté en 2010. Non parce que cela ne me plaisait pas, j'ai adoré cette période. Mais le théâtre, où j'ai démarré, appris mon métier, me manquait trop ! Maintenant, je suis recentrée, je vis autrement mais la télé reste un besoin essentiel! Par chance, mon timing vient de me laisser la possibilité de tourner « Mon fils de la lune » avec Mimie Mathy, dans le rôle magnifique d'une maman ayant un fils autiste (sujet auquel je suis éminemment sensible). Et j'en suis très heureuse.

Pour finir sur le théâtre, avez-vous toujours un trac fou avant d'entrer sur scène ?
Oh oui, l'adrénaline ! À partir de 17 h 30, je ne réponds plus au téléphone, j'ai besoin de m'enfermer. Je panique un peu quand les partenaires ne sont pas arrivés. Alors vous pouvez imaginer quand j'ai joué aux Variétés avec Christian Vadim qui arrivait au tout dernier moment, après avoir pris tranquillement sa collation (rires) !
Paru le 15/09/2021