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© Aurore Vinotv
Interview par Philippe Escalier
Les Pâtes à l’ail
Bruno Gaccio

Bruno Gaccio, Philippe Giangreco et Jean-Carol Larrivé sont à l'origine d'une pièce aussi émouvante que drôle, créée à la Comédie Odéon à Lyon en mars 2019. Bruno Gaccio revient avec nous sur une belle aventure qui continue de séduire le public.
Comment est né ce spectacle ?
Avec Philippe Giangreco, nous avons le même âge, nous avons été élevés ensemble puisque sa mère était ma nourrice. Quand Bolloré m'a viré de Canal et que lui, a été remercié par Lagardère, nous nous sommes retrouvés dans la même situation: nous avions devant nous toutes les ouvertures possibles. Moi, ce que je voulais faire c'était : rien! Sur ce, Philippe m'appelle et me dit que l'on avait fait énormément de choses ensemble sauf jouer la comédie. Je lui objecte n'avoir pas joué depuis presque trente ans. Il insiste, propose une idée autour de notre amitié, de la cuisine et de la guitare, mais cela ne faisait pas vraiment un spectacle. Les semaines sont passées, l'envie m'est venue de travailler et nous avons demandé à Jean-Carol Larrivé de nous apporter son aide. Il nous a envoyé une proposition séduisante qui tenait la route. Nous nous sommes donc mis à écrire tous les trois autour de la fin de vie, combat de longue date de l'ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité) dont je suis membre. Nous avions le thème et comme nous ne savons pas faire autrement que de rigoler, nous avons écrit une pièce légère et drôle sur ce sujet si sérieux !

Pour vous, il était important d'aborder ce thème de société ?
Oui, important de le faire concrètement mais avec de l'humour et sans pathos. Comment devant des choses inexorables, l'on se sépare sereinement en se disant que l'on s'aime. Certains ont des idées très arrêtées sur la vie, la mort....et la coiffure (!) mais ils doivent entendre que d'autres peuvent penser différemment et, par exemple, éprouver le besoin de partir quand ne s'offrent plus à eux que souffrance ou décrépitude. Une pièce de théâtre est idéale pour incarner ce débat sur ce choix de fin de vie éminemment personnel et difficile. Nous ne choisissons pas notre naissance, du moins, pouvons choisir notre mort !

Vous disiez que vous n'aviez pas joué depuis longtemps : qu'elle a été la difficulté quand vous êtes remonté sur scène ?
Il n'y en a pas eu, c'est atroce à dire ! L'envie était telle après avoir écrit la pièce que l'interpréter tous les deux nous est apparu comme une évidence. Jouer cette amitié et cette vraie complicité, que nous partageons depuis si longtemps Philippe Giangreco et moi, n'a pas été difficile. Le soir de la première à Lyon, quand à la fin, la salle s'est levée, je ne pouvais pas m'arrêter de pleurer. J'ai reçu une émotion extraordinaire. Alors la difficulté pour moi, serait de gérer ces fins de spectacle poignantes quand le public nous exprime toute sa gratitude.

Le 3 septembre, vous allez donc nous aider à retrouver le plaisir et les émotions du théâtre, après cette trop longue interruption !
Oui, nous sommes heureux d'aller au charbon comme on dit en sachant que le public sera reçu dans des conditions de sécurité sanitaire optimales. Il faut que tous nous soyons au rendez-vous et que la vie reprenne, sans imprudence mais avec tous ses plaisirs !
Paru le 25/10/2020