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François Bégaudeau
D.R.
Dossier par Jeanne Hoffstetter
Le lien
au théâtre du Montparnasse

Récemment, le Petit Montparnasse présentait "Au début". C'est maintenant au tour de la grande salle d'accueillir, également mise en scène par Panchika Velez, une nouvelle pièce de François Bégaudeau dans laquelle il s'interroge sur le mystère du lien filial.
Sur la scène

Catherine Hiegel, Pierre Palmade, Marie-Christine Danède. Unité de temps et de lieu. Une salle à manger de province banale, dans laquelle une retraitée des postes reçoit son fils, écrivain parisien de passage, pour déjeuner. Françoise, une amie de toujours, passera pour le dessert. La pièce commence lorsque le fils se lève et déclare partir pour ne plus revenir. Mais est-il si simple de faire ce que l'on décrète ?


François Bégaudeau, l'auteur

Chroniqueur, romancier, essayiste, auteur... Si l'on connaît bien son sens de l'humour et de la dérision, il s'accompagne souvent d'un besoin de pénétrer au cœur des choses de la vie pour en comprendre le mystère.

"Le lien" en est un nouvel exemple. « La pièce se passe en temps réel puisque sa durée est la même que celle de l'action qui se déroule sans interruption. Après avoir déclaré qu'il n'avait plus aucune raison d'entretenir une relation avec sa mère, le fils se ravise et va décider, peut-être par envie d'en découdre, d'expliquer son exaspération. Mais cela n'a rien à voir avec un contentieux inhérent au passé. Seule est en cause la conversation qu'ils viennent d'avoir et durant laquelle chacun a appréhendé les choses à sa manière. Lui en intellectuel et elle d'une façon disons, plus viscérale. Bien que cela compte un peu ça n'est pas l'essentiel, ce qui m'importait c'était de travailler sur cette relation universelle qui existe entre un fils et sa mère. C'est pour cette raison que j'ai évité de leur donner des traits trop caractéristiques. Je me suis interrogé avant tout sur le lien filial en tant que tel. Que vaut-il en fait ? C'est certainement une des choses les plus autobiographiques que j'aie pu faire et dans laquelle la puissance émotionnelle me tient à cœur. Ce qui se passe là arrive dans toutes les familles mais ces déclarations sont rarement crédibles. Le fils dit de façon très rationnelle qu'il n'a aucune raison de maintenir ce lien, pourtant il réalise qu'il a du mal à le rompre. Ce qui semblerait démontrer que finalement la rationalité n'épuise pas le problème. Rares sont les familles harmonieuses, mais la structure familiale aussi malmenée soit-elle par la modernité, est toujours là. C'est ce paradoxe que j'essaie d'explorer et le théâtre, avec son unité de lieu, est pour moi le lieu idéal pour traiter de la famille.»

Malgré le sujet, "Le lien" n'est pas exempt d'humour. « La vie est un cocktail d'émotions, de choses graves ou légères et je ne voulais rien exclure. L'humour vient d'une façon d'appréhender le monde que je possède, et je sais que dans des situations dramatiques, j'ai ce réflexe de distance qui est peut-être une manière de me protéger. »


Panchika Velez à la mise en scène

Élue au Conseil d'administration de la SACD, après avoir été Présidente du Syndicat National des Metteurs en Scène, elle a récemment mis en scène "Qui a peur de Virginia Woolf" d'Edward Albee et "Au début" de François Bégaudeau.

« Dès que j'ai lu la pièce, j'ai eu très envie de la monter. D'une part, parce que le thème est universel et, d'autre part, parce que je suis très sensible à l'écriture de François à la fois profondément humaine, incisive et précise dans son rythme. L'enjeu n'est pas ici dans l'attente de la révélation d'un secret, mais dans l'exploration de ce mystère universel qu'est l'attachement qui lie une mère et son fils, et même l'attachement familial tout court. Et puis, il y a cet humour sans méchanceté qui me fait rire. Ce qui ne m'empêche pas d'avoir les larmes aux yeux à un moment. Mais ce serait dommage de raconter l'histoire. Ce à quoi je m'attache en priorité dans ma mise en scène, ce sont les acteurs, d'autant que l'on est ici dans un huis-clos. Ceux-là sont magnifiques et le travail s'en trouve forcément facilité. Autrement, je recherche toujours l'épure, mais une épure colorée. Nous sommes ici dans une salle à manger mais il ne faut pas perdre de vue que nous sommes au théâtre, pas au cinéma. J'ai beaucoup travaillé avec le scénographe pour assumer l'aspect réaliste de la situation sans tomber dans le naturalisme. Il faut que les gens puissent être dans une identification totale. Alors je dirais que je pars du complexe pour aller vers le simple ! J'ai aussi la chance de travailler avec un auteur qui me laisse libre et qui est là si nécessaire. C'est certainement un des textes où je respecte le plus rigoureusement les didascalies, car elles sont particulièrement justes. J'espère maintenant que le plaisir que je prends va en procurer autant aux spectateurs ! »
Paru le 20/02/2019

(65 notes)
LIEN (LE)
THÉÂTRE MONTPARNASSE
Du mardi 22 janvier au samedi 16 mars 2019

COMÉDIE DRAMATIQUE. Une mère et son fils se parlent. La mère pense qu’ils se parlent, le fils ne le pense pas. Parler, pour elle, est aussi simple que ça, mais pour lui non. Le fils est compliqué, le fils coupe les cheveux en quatre. Le fils est un intellectuel, le simple ne lui va pas. Il se lève pour partir, et ne ...

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