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D.R.
Zoom par Philippe Escalier
“Un Dom Juan” au Lucernaire

De formidables interprètes, une mise en scène originale et intelligente font de ce surprenant Dom Juan une réussite mémorable.
Tout commence dans un bar mal famé. Sur une musique d'ambiance appropriée, une danseuse pulpeuse vient aguicher un homme porteur d'une mallette remplie de sachets de drogue. Drôle de début pour Un Dom Juan que Pierre-Marie Carlier a voulu transposer à notre époque ! Cette toute première mise en scène (chapeau bas !), ancrée dans notre quotidien peut surprendre, surtout pour un si grand classique. Pourtant, ce parti pris s'avère payant, indubitablement logique, mettant bien en lumière les innombrables facettes d'un texte exceptionnel. Plusieurs scènes sont savoureuses, comme l'arrivée de Pierrot (Arnaud Dautzenberg) ou la sortie d'Elvire (Karine Mauran) qui noie son désespoir dans l'alcool. La modernité de Molière est troublante, celle de Pierre-Marie Carlier sert l'auteur avec le dévouement d'un Sganarelle. Ce Dom Juan cynique, cruel, anticipant la mort de Dieu et ne connaissant que sa propre volonté, mise au service d'une envie de vivre poussée jusqu'au dégoût, est éminemment actuel.

Aux côtés de Ivola Pounembetti, Bertrand Liebert, Cyril Aubin (en alternance avec Philippe Moutte), Max Douchin, Gersende Legars et Luc Requier, Pierre-Marie Carlier, en grand brun ténébreux, incarne avec panache le rôle-titre, accompagné d'un magnifique et émouvant Sganarelle, Yves Belluardo.
Paru le 01/09/2002