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Christiana Reali et Boris Terral
D.R.
Dossier par Philippe Escalier
Reste avec moi ce soir
à la Gaîté-Montparnasse

Il est jeune et il vient de mourir. Mais il a obtenu que sa veillée funèbre soit l'occasion d'un dernier retour, d'une ultime entrevue avec sa femme. Sur ce thème aux accents fantastiques, Flavio De Suza a composé un hymne à l'amour orchestré par Didier Long qui offre à Cristiana Reali et Boris Terral l'occasion de belles retrouvailles passionnées.
Boris TERRAL
Impressionnant Lully dans Le roi danse, il est aussi à l'aise sur les planches que devant la caméra. Rencontre avec un acteur qu'il est difficile de quitter.

Starter Plus : Boris Terral, comment votre personnage a-t-il évolué au gré des premières représentations ?
Boris Terral : Ces derniers temps j'ai plutôt eu tendance à mettre beaucoup de fougue dans mes interprétations. Ici au contraire, Didier Long m'a suggéré une ligne directrice faite de simplicité et de sobriété, pour retenir un peu "l'animal" qui est en moi. Reste avec moi ce soir est une pièce où nous sommes sur le fil du rasoir en permanence. L'équilibre entre comédie et tragédie est précaire, il nous faut garder la gravité du texte (c'est une veillée funèbre) sans pour autant rater les moments de folie et de joie qui éclatent tout au long du spectacle.
S. P. : Comment la rencontre avec Didier Long s'est-elle passée ?
B. T. : Tout simplement... dans ma loge où il est venu me saluer après une représentation de Coup de soleil aux Bouffes-Parisiens. Puis en octobre dernier, il m'a appelé en me disant : "J'ai une aventure que j'aimerais bien te faire partager avec Cristiana Reali." Au départ je n'en savais pas beaucoup plus. Je peux dire que cette rencontre m'a apporté des choses précieuses. J'ai conscience que le metteur en scène a un rôle éminent à jouer. Mon parcours dans la pièce a été jalonné par Didier d'une façon surprenante (et évolutive) qui m'aide beaucoup.

S. P. : Où situez-vous la difficulté de votre métier ?
B. T. : J'ai commencé à travailler après avoir fait hypokhâgne, puis la fac. Je me suis un peu cherché, ne sachant pas trop quel chemin emprunter pour devenir comédien. En tout cas, je rêvais d'un démarrage rapide, fort, d'une rencontre décisive. Ce ne fut pas le cas. Mais ces débuts un peu lents ont été une chance, ils m'ont laissé la possibilité de me former en rencontrant différents professeurs. Par petites touches, ils ont su me permettre d'appréhender ce métier où il faut se remettre en cause tous les jours. Au départ je pensais qu'il suffisait de mettre le pied à l'étrier. En fait, il faut savoir durer, là réside toute la difficulté.

S. P. : Une journaliste a écrit, tout récemment, que vous étiez l'acteur le plus sexy du moment ! Vous êtes d'accord ?
B. T. : (Rires.) Non, bien sûr, cela permet de relativiser ce que la presse peut écrire sur vous, de bon ou de mauvais : il s'agit d'un point de vue personnel !

S. P. : Au cinéma Le roi danse a été une expérience particulière ?
B. T. : Oui ! Ce film m'a fait refuser des propositions qui n'avaient ni son ampleur ni sa beauté. Il m'a rendu plus exigeant ! J'ai adoré les huit mois de préparation, le tournage, la promotion en France comme à l'étranger. Ce film représente deux ans de ma vie. Il m'a apporté tout ce que j'aime : un scénario et un réalisateur exceptionnels, la rencontre avec le public, la possibilité et le temps de parler du film. Tout a été parfait, y compris mes rapports avec les autres membres de l'équipe. C'est une expérience inoubliable. Peut-être le début du commencement de l'âge adulte ?

Cristiana REALI
C'est à huit ans et demi qu'elle quitte le Brésil (Sao Paulo) pour la région parisienne. Elle suit le cours Florent avant de monter sur scène pour la première fois en 1989. Sous la direction de Francis Huster, aujourd'hui son mari, elle joue Lorenzaccio et Le Cid en 1993. Quelques années plus tard elle donne vie à Roxanne dans Cyrano de Bergerac à Chaillot. Refusant de se spécialiser dans le répertoire classique, Cristiana aborde une pièce de Tom Kempinski Duo pour violon seul et s'impose aux côtés de Samuel Labarthe dans La Chatte sur un toit brûlant mise en scène par Patrice Kerbrat. Reste avec moi ce soir qu'elle découvre et défend avec passion, lui permet d'effectuer un retour aux sources par le biais d'un des plus grands auteurs d'Amérique latine. Interprétant le rôle d'une jeune femme qui vient de perdre son mari, dans un univers qui lui est familier, elle peut donner l'entière mesure de son talent. Pendant quelques mois, la culture brésilienne est représentée à la Gaîté-Montparnasse, en la personne de sa plus charmante ambassadrice.


Didier LONG,
le metteur en scène :
Tout commence par Le Boxeur et la Violoniste en 1995. Sept années lui ont été suffisantes pour s'affirmer comme le metteur en scène incontournable, abonné au succès. Hygiène de l'assassin, Master Class, Mademoiselle Else, Becket ou l'honneur de Dieu et tout récemment Jalousie en 3 fax, autant de trophées dont il parle avec une grande modestie : "J'aime les pièces bien écrites qui laissent la part belle aux comédiens pour donner à l'interprétation toute sa place."

"Reste avec moi ce soir" :
un coup de cœur partagé !

La pièce de Flavio De Souza lui parvient par le biais de Cristiana Reali " J'ai lu la première traduction qu'elle venait de réaliser. J'ai été très étonné car cela ne ressemblait à rien de ce que j'avais lu jusqu'à présent. J'ai été séduit par cette pièce extrêmement sensuelle, presque animale, qui parle du couple avec une vitalité et une vérité émouvantes. C'est tout simplement une grande histoire d'amour", nous a-t-il confié.
Ce spectacle aujourd'hui sur les rails lui permet de se consacrer à son prochain projet, Le Limier, dont Mankiewicz a tiré en 1972 un film superbe. Les répétitions commencent début août avec Patrick Bruel et Jacques Weber. Didier Long n'a pas fini de nous surprendre et de nous enchanter !
Paru le 15/05/2002