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René Ripert
D.R.
Zoom par Philippe Escalier
“Coupable” de René Ripert
le courage et la lucidité !

au théâtre Essaion.

Impossible, sans une mauvaise foi colossale, de l'accuser de se laisser aller à la facilité. Avec sa dernière pièce intitulée Coupable, René Ripert a, en effet, choisi de faire œuvre utile en s'attaquant à un sujet particulièrement périlleux : la pédophilie.
Pourquoi ce sujet ?

Choqué par l'affaire Dutrout, René avoue avoir été au départ poussé par la colère ; le traitement du sujet, tant par les médias que par la société, le laissant insatisfait. "Les vrais problèmes ne sont pas abordés", souligne-t-il. Et il ajoute aussitôt : "Seul le volet répressif existe et s'il est incontournable, il est incontestablement insuffisant. Il faut aussi prévenir, faire un travail d'information auprès des enfants, de sensibilisation envers les adultes et un suivi réel et sérieux auprès des condamnés." Mais il existe aussi une raison amicale qui préside à la naissance de Coupable, deux noms la résument : Michel Derville et Frédéric Haddou, acteurs pour qui René Ripert voulait absolument écrire. C'est maintenant chose faite !

Libre parcours

À y regarder de plus près, son choix courageux n'est pas étonnant, surtout si l'on examine son parcours exempt de tout compromis. Sa passion pour le théâtre remonte à l'adolescence durant laquelle il monte, dans la Drôme, la compagnie la Kabale. Débuts formateurs qui soudent (pour la vie) une bande de copains. Avant des études supérieures en sociologie et communication, il fait un stage de quatre mois pour une télé communautaire québécoise où, à dix-sept ans, il anime une émission culturelle. Ainsi armé, il débarque plus tard à Paris, pour décrocher un poste d'animateur sur TV5 Europe. Chargé de l'émission Correspondance, il y reçoit les vedettes du petit écran. Lorsque cinq ans après, il doit quitter la chaîne, il entend se consacrer à son "dada" et, de fait, profite de sa nouvelle liberté pour passer une année entière à écrire.

Distraire, éveiller, émouvoir

René aligne ces trois verbes pour définir sa conception du théâtre qui se retrouve dans Coupable né d'une envie évidente de faire œuvre utile. "Sur ce terrible sujet, on ne pourra avancer que par la parole et le débat, ainsi qu'il aime à le répéter. Et en ce domaine, "rien de mieux que le théâtre pour plonger le spectateur dans un réseau d'émotions complexes". Sa pièce est portée, avant tout, par l'ambition d'informer et de sensibiliser pour qu'enfin les choses progressent. Cela lui vaut le soutien notable d'une association de prévention et de lutte contre la pédophilie L'Ange bleu, mais également de la Mairie de Paris. "Nous voulons participer à un éveil des consciences, c'est pourquoi certaines représentations se termineront par des débats." Bien sûr les risques existent : "Quelques âmes chagrines pourront toujours détourner des phrases de leur contexte, mais ce que je veux faire n'a vraiment rien de complaisant." Avant même le début des représentations, René a enregistré avec joie un premier succès : le tournage par France 5 d'un documentaire de près d'une heure sur la création de la pièce. Rendez-vous le 9 avril 2002 à l'Essaïon !
Paru le 08/04/2002