Portrait par Philippe Escalier
Oscar Sisto
metteur en scène d’Oncle Vania
au Théâtre 13.
L'art du théâtre cosmopolite : Musicien, acteur, metteur en scène, écrivain, Oscar Sisto, Argentin vivant en France depuis 1981, s'épanouit dans le mélange des genres et des cultures.
Le Théâtre 13 vient de lui confier la mise en scène d'Oncle Vania, de Tchekhov. Rencontre...
L'art du théâtre cosmopolite : Musicien, acteur, metteur en scène, écrivain, Oscar Sisto, Argentin vivant en France depuis 1981, s'épanouit dans le mélange des genres et des cultures.
Le Théâtre 13 vient de lui confier la mise en scène d'Oncle Vania, de Tchekhov. Rencontre...
Starter Plus : Oscar Sisto, comment dépeindriez-vous Anton Tchekhov ?
Oscar Sisto : C'est un auteur débordant d'intelligence et de finesse, capable d'adapter son langage à l'être le plus simple, un peu comme un médecin (ce qu'il était d'ailleurs), oubliant son vocabulaire technique et compliqué pour vous expliquer de quoi vous souffrez. Tchekhov a l'art de transmettre quelque chose d'universel et d'essentiel qui nous parle directement et qui nous touche. Tout le monde peut le comprendre. Ce n'est pas courant puisque les auteurs ont besoin, la plupart du temps, comme disait Oscar Wilde, de « montrer leur style ». Peut-être parce qu'il a compris l'âme humaine, il parvient à donner ce que Rubinstein appelait « l'illusion céleste de la facilité », qui est le privilège des plus grands.
S P : Oncle Vania est une pièce que l'on pourrait qualifier de triste ?
O S : Non ! D'ailleurs la tristesse de Tchekhov est un préjugé très français. Les Russes, plus ils sont pauvres, plus ils sont gais. Ce sont les gens simples qui ont le sens du bonheur, parce que l'argent n'a pas grand-chose à voir avec la joie de vivre. S'il fallait combattre la tristesse, c'est plutôt dans les pays occidentaux qu'il faudrait la traquer, non ?
S P : Qu'est-ce qui caractérise votre mise en scène ?
O S : Pour moi, elle ne peut pas se limiter à une direction d'acteurs. Sur scène, tout est important, les couleurs, le mobilier, les costumes et la musique, qui occupe pour moi une place à part. Ayant besoin de l'énergie vocale de tout le monde, j'organise toujours, sur scène ou pendant les répétitions, un travail de chœur. J'ai pris en charge la scénographie, les lumières et la musique que j'ai composée. Je suis donc un peu un homme-orchestre, faisant parfois office d'homme à tout faire... Mais finalement, j'ai tendance à trouver que cela me simplifie la vie ! Enfin, il y a une idée à laquelle je tiens : le théâtre doit rester bâtard. Et un auteur Russe monté, à Paris, par un Argentin, n'est pas pour me déplaire !
S P : Quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?
O S : De toute ma vie ? Il y en a plus d'un. Je me souviens d'avoir entendu un spectateur me crier « merci » au milieu des bravos, ou encore, dans Mortadela d'Alfredo Arias, que je jouais au théâtre Montparnasse, j'ai reconnu un soir dans la salle - ça ne s'oublie pas - le rire de l'acteur mythique par excellence : Mastroianni !
Oscar Sisto : C'est un auteur débordant d'intelligence et de finesse, capable d'adapter son langage à l'être le plus simple, un peu comme un médecin (ce qu'il était d'ailleurs), oubliant son vocabulaire technique et compliqué pour vous expliquer de quoi vous souffrez. Tchekhov a l'art de transmettre quelque chose d'universel et d'essentiel qui nous parle directement et qui nous touche. Tout le monde peut le comprendre. Ce n'est pas courant puisque les auteurs ont besoin, la plupart du temps, comme disait Oscar Wilde, de « montrer leur style ». Peut-être parce qu'il a compris l'âme humaine, il parvient à donner ce que Rubinstein appelait « l'illusion céleste de la facilité », qui est le privilège des plus grands.
S P : Oncle Vania est une pièce que l'on pourrait qualifier de triste ?
O S : Non ! D'ailleurs la tristesse de Tchekhov est un préjugé très français. Les Russes, plus ils sont pauvres, plus ils sont gais. Ce sont les gens simples qui ont le sens du bonheur, parce que l'argent n'a pas grand-chose à voir avec la joie de vivre. S'il fallait combattre la tristesse, c'est plutôt dans les pays occidentaux qu'il faudrait la traquer, non ?
S P : Qu'est-ce qui caractérise votre mise en scène ?
O S : Pour moi, elle ne peut pas se limiter à une direction d'acteurs. Sur scène, tout est important, les couleurs, le mobilier, les costumes et la musique, qui occupe pour moi une place à part. Ayant besoin de l'énergie vocale de tout le monde, j'organise toujours, sur scène ou pendant les répétitions, un travail de chœur. J'ai pris en charge la scénographie, les lumières et la musique que j'ai composée. Je suis donc un peu un homme-orchestre, faisant parfois office d'homme à tout faire... Mais finalement, j'ai tendance à trouver que cela me simplifie la vie ! Enfin, il y a une idée à laquelle je tiens : le théâtre doit rester bâtard. Et un auteur Russe monté, à Paris, par un Argentin, n'est pas pour me déplaire !
S P : Quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?
O S : De toute ma vie ? Il y en a plus d'un. Je me souviens d'avoir entendu un spectateur me crier « merci » au milieu des bravos, ou encore, dans Mortadela d'Alfredo Arias, que je jouais au théâtre Montparnasse, j'ai reconnu un soir dans la salle - ça ne s'oublie pas - le rire de l'acteur mythique par excellence : Mastroianni !
Paru le 24/01/2002