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D.R.
Portrait par Jeanne Hoffstetter
Xavier Jaillard
le Petit Hébertot, un lieu de création

Grâce à sa ligne artistique clairement définie de privilégier le texte et la création, le Petit Hébertot s'est forgé une identité et constitué un public.
En reprenant ce théâtre, il y a deux ans, son objectif était de lui donner une âme, une orientation lisible en mettant l'accent sur la création. "La mienne y compris !", disait-il en riant. D'emblée, il vise juste : Pierre Bellemare disant Alphonse Allais, suivi de René de Obaldia, pour la première fois sur les planches à 90 ans, et plébiscité au point de jouer les prolongations...

"Aujourd'hui, j'ai le sentiment que douze ans sont passés tant nous avons travaillé ! Le Petit Hébertot est devenu un lieu de créations avec une volonté artistique orientée vers le texte, car il vaut mieux lorsqu'on dirige une petite salle, avoir une image claire. J'ai opté pour des spectacles que notre époque apportera à l'histoire générale du théâtre à travers les siècles. Et je suis fier de vous dire que nous en sommes à notre dix-septième production en deux ans !"


"L'idée maîtresse n'est pas pour moi de garder longtemps un spectacle, mais de le lancer"



De beaux succès ponctuent ainsi les saisons du Petit Hébertot : Fureur, la dernière création de Victor Haïm, Le K de Buzzati, Jean-Paul Farré auréolé d'un Molière, À propos de Martin de et par l'excellent Roger Dumas, et dernièrement, Après l'incendie Sénèque et saint Paul écrit et joué par le maître des lieux, avec Patrick Préjean... "Mais l'idée maîtresse n'est pas pour moi de garder longtemps un spectacle, car il n'a de devenir que s'il rencontre une audience assez large, que si l'auteur et les comédiens bénéficient de retombées.

Ce que je souhaite, c'est que ces spectacles, une fois lancés, puissent partir en tournée, et si possible, s'installer dans de grandes salles. Jusqu'à présent, j'ai eu beaucoup de chance avec ma programmation !", reconnaît cet homme-orchestre. Mais suffit-il pour être Victor Hugo d'avoir son talent et son génie, en oubliant l'air du temps ? "Vous avez beau être le génie des génies romantiques, si vous tombez au moment où ce qui plaît au public c'est Jean-Paul Sartre, c'est fichu. Il y a des périodes où la sécheresse de l'âme est à la mode et d'autres où c'est, au contraire, le déluge du sentiment !"

Attentif au désir actuel d'un public en quête de comédies, Xavier Jaillard se souvient qu'il n'a pas "grandi entre Pierre Dac et Francis Blanche" pour rien et présente Méchant Molière, pièce dont il est l'auteur et qu'il interprète aux côtés de sa jeune troupe. Un spectacle totalement loufoque, écrit - excusez du peu ! -, en alexandrins et qu'il vaut mieux aller voir que tenter de raconter, tant il témoigne d'une imagination débordante. Parallèlement, à 19 heures, Stupeur et Tremblements, adapté du roman d'Amélie Nothomb, mis en scène et interprété par Layla Metssitane, laquelle obtint un vif succès l'an passé à Avignon.

Mais impossible de conclure sans signaler que Xavier Jaillard, membre de l'Académie Alphonse-Allais, entraîne ses confrères dans la rédaction d'un dictionnaire encyclopédique qui devrait faire du bruit ! Sortie en novembre aux éditions du Cherche-Midi. Affaire à suivre !
Paru le 18/05/2011