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D.R.
Portrait par Jeanne Hoffstetter
Virgil Tanase
“L’essence même du théâtre, c’est le comédien”

Romancier et homme de théâtre, Virgil Tanase fait partie de ces intellectuels roumains qui, par choix ou contrainte, adoptèrent la France. Traduite et mise en scène par cet amoureux des personnages exceptionnels, "La Mouette" de Tchekhov se pose au théâtre Mouffetard.
Poussé par l'accueil sympathique qui vous est réservé, on brûle d'envie d'en savoir davantage sur ce réfugié politique, sur ce fou de théâtre, ce pamphlétaire brillant. On aimerait se caler pour des heures dans ce fauteuil face à lui et lui dire : "Racontez-nous Virgil Tanase..." Première erreur : "Je n'ai jamais demandé l'asile politique. J'étais attaché à mon pays, à son peuple, mais je m'étais exprimé lors d'un entretien téléphonique avec Les Nouvelles Littéraires sur le régime totalitaire roumain. En première page, il y avait ma pomme avec un grand titre : "Un écrivain bâillonné parle." Comment, pourquoi on m'a laissé m'exprimer, je l'ignore, mais après je n'avais d'autre choix que la prison ou Paris." L'histoire est longue, nourrie de passion et de volonté, quelquefois drôle, parfois rocambolesque vue du petit bout de notre lorgnette, vraisemblablement tragique pour l'exilé aujourd'hui naturalisé français, qui eut malgré tout la chance de rencontrer le succès sans déroger jamais à ses désirs profonds. Nanti de solides diplômes, dont un doctorat de 3e cycle en sociologie et sémiologie des Arts et Lettres. Professeur d'histoire des civilisations, il enseigna aussi la mise en scène chez Vitez et reçoit pour ses romans le prix de l'Union latine, pour ses pièces, celui de l'Académie roumaine... La liste de ses activités est fournie, mais en riant il vous lance : "Depuis presque trente ans que je vis à Paris, ma seule préoccupation existentielle est d'avoir de quoi payer mon loyer !"

"Le personnage est comme un trapèze dont le comédien se sert. Sans alibi
superflu, Tchekhov lui offre un trapèze éblouissant."

L'immense intérêt qu'il porte aux comédiens (il est aussi l'auteur d'une thèse intitulée : La Présence du comédien) le conduit à mettre en scène les plus grands auteurs d'ici et d'ailleurs. En ce début d'année il monte La Mouette, l'une des pièces les plus jouées au monde. Pourquoi ? "Le comédien est celui qui exécute un numéro exceptionnel quand le personnage qu'on lui propose est exceptionnel. Le personnage est comme un accessoire de cirque, un trapèze dont le comédien se sert. Sans alibi d'intrigues ou de constructions dramatiques superflues, qui occultent l'excellence du théâtre, Tchekhov ne laisse en scène que l'altitude des trapèzes, propose aux comédiens les dangers de la vie authentique, et par cela offre aux spectateurs l'essence même du théâtre dans sa stricte simplicité. La mise en scène conduit le comédien vers les profondeurs des personnages, éclaire, pour le bénéfice du spectateur, les périls que celui-ci affronte et rend le théâtre 'populaire' en parvenant à réunir public et comédiens... Mais les mots sont impuissants : s'ils pouvaient dire ce qui se passe sur scène, ce ne serait plus la peine de faire du théâtre. Notre Mouette, c'est le théâtre à l'état pur, et c'est sans doute ce que Tchekhov voulait - et les spectateurs aussi !"
Paru le 23/01/2006
MOUETTE (LA)
THÉÂTRE MOUFFETARD
Du mardi 17 janvier au samedi 11 mars 2006

COMÉDIE DRAMATIQUE. Une comédienne d'un âge déclinant, se rend pour les vacances dans sa propriété où l'attend un fils conçu entre deux portes, épris d'une jeune fille prête à se jeter dans le lit du premier homme à même de lui ouvrir le chemin du théâtre. Un écrivain de quatre sous s'empresse de la séduire, sans pou...

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